Seine-Arche met en terrasses l'envers de la Défense
LE MONDE | 16.03.06 | 13h29 • Mis à jour le 16.03.06 | 13h29
C 'est un des plus gros chantiers de la périphérie parisienne : 124 hectares, 292 000 m2 de logements, 217 000 m2 de bureaux, 101 000 m2 de commerces, 35 000 m2 d'équipements publics... L'opération Seine-Arche bouleverse le territoire de Nanterre (Hauts-de-Seine), entre l'arche de la Défense et la Seine, 3,5 km plus à l'ouest. Alors que parcs et immeubles commencent à prendre forme - les travaux dureront jusqu'en 2012 -, une exposition présente le projet à la Maison de l'architecture, à Paris. Colossale, l'opération l'est aussi par ses enjeux urbains. Sorte d'envers des tours de la Défense, le territoire de Seine-Arche est un patchwork de vestiges industriels, de centre administratif, d'îlots de bureaux, de campus universitaire (Paris-X) et d'ensembles de logements déshérités, le tout fortement enclavé et balafré par les autoroutes et les voies de chemin de fer.
Pour recoudre une ville à partir de ces chutes, les architectes et urbanistes du cabinet TGT, choisi en 2002 par l'établissement public d'aménagement Seine-Arche pour redessiner ce territoire, commencent par recréer un espace public. Ils tracent de l'Arche vers la Seine une cascade verte de dix-sept larges terrasses, dans le prolongement de l'axe royal du Louvre. "Le terrain est en forte pente. Il nous semblait important de retrouver ce sol naturel face à la dalle de la Défense", explique Jérôme Treuttel, de TGT.
DES CIRCULATIONS DOUCES
De nouveaux commerces, bureaux et logements sont construits autour des deux gares RER et le long de cette promenade plantée de plus de 2 km. Leur hauteur est limitée à une trentaine de mètres : "Nous voulions éviter que les nouveaux bâtiments concurrencent les objets architecturaux existants dans une surenchère de formes. Mais à l'intérieur de ce gabarit, les architectes étaient libres de leur expression", dit M. Treuttel. Loggias, façades en décrochés, maisons sur le toit : le vocabulaire employé reste sagement contemporain.
Nanterre, ville populaire dirigée par une municipalité communiste, risquait le dérapage bourgeois. Pour tenter de garder le contrôle du véhicule urbain, 40 % des 4 000 logements construits seront à caractère social et les prix du secteur libre seront encadrés. Des circulations douces viendront relier les quartiers anciens et nouveaux, avec l'espoir de créer un peu de mixité. Les viaducs sont détruits et l'échangeur autoroutier couvert.
Sur ce dernier prend naissance un autre nouveau parc de 14 hectares, dit du Chemin de l'île, qui s'étend en "L" jusqu'aux bords de Seine, auparavant infréquentables. Il est conçu par l'agence du paysagiste Gilles Clément et accueille des cabanons de Paul Chemetov, comme un écho à la jetée et au jardin construits en 1998 par les deux hommes sous la Grande Arche, vers ce Nanterre pour lequel ils avaient imaginé un projet resté dans les cartons.
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"2006-2012, la fabrique de Seine-Arche", Maison de l'architecture, 148, rue du Faubourg-Saint-Martin, Paris-10e. Métro Gare-de-l'Est. Tél. : 01-53-26-10-85. Du mardi au vendredi, de 11 heures à 18 heures, samedi et dimanche de 14 heures à 19 heures. Jusqu'au 31 mars. Entrée libre.
Grégoire Allix
Article paru dans l'édition du 17.03.06