En plein débat sur le contrat de site Alsace, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche était hier à Strasbourg pour signer, avec le directeur de la Caisse des Dépôts et Consignations Jean-Pierre Jouyet, une convention pour aider les universités à se moderniser.
Encore une première pour l’Université de Strasbourg, que Geneviève Fioraso, ministre de l’Ensei-gnement supérieur, a choisie hier pour signer une convention nationale de partenariat avec la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Le but : fournir aux universités l’accompagnement, notamment en termes d’ingénierie et de financement, d’une banque publique pour atteindre « quatre priorités stratégiques » : la rénovation des campus, en intégrant notamment « les enjeux du développement durable » , la promotion de l’université numérique, le développement de l’offre sociale de logements étudiants et le soutien à l’innovation et au transfert.
En clair : exit les plans campus version Sarkozy qui, « cinq ans après leur annonce, fortement médiatisée, n’avaient donné lieu, en mai 2012, à aucune pose de première pierre et, pire encore, à aucun dépôt de permis de construire », voici les « campus d’@venir ».
Exit, du même coup, le « tout-PPP » (les partenariats public-privé), que la ministre a qualifié d’inadapté et participant d’un a priori « idéologique ». À Strasbourg, a assuré Geneviève Fioraso, « les opérations prévues dans le plan campus pourront se faire en dehors des dispositifs PPP pour 90 % d’entre eux ».
8 millions d’euros pour des projets urgents
« Autre verrou identifié » , a poursuivi la ministre : « l’oubli » , jusqu’ici, des collectivités territoria-les dans les tours de table des plans campus alors qu’elles en financent presque le quart. Au début de son étape strasbourgeoise, elle a d’ailleurs pu vérifier l’efficacité de ces partenariats en se rendant sur le site de l’hôpital civil, auprès du chantier du Paps-PCPI (Pôle d’administration publique-Pôle de compétence en propriété intellectuelle) dont elle a posé la première pierre : ce projet universitaire, pour un coût total de 52,1 M€ (millions d’euros), est financé par l’État, la Cus (Communauté urbaine de Strasbourg), la Région Alsace et le Département du Bas-Rhin à hau-teur ici, pour le coup, d’un quart chacun.
Dans l’amphithéâtre bondé du Nouveau Patio, en présence notamment des deux prix Nobel Jean-Marie Lehn et Jules Hoffmann, elle a annoncé que, « dès cette année » , son ministère financera des « projets urgents et prioritaires à hauteur de 8 M€ ». Cela concerne l’Institut Le Bel, sur le campus de l’Esplanade, dont elle a visité les chantiers d’installation de laboratoires, transférés de la tour de chimie voisine, elle-même promise à une prochaine réhabilitation. Mais aussi le projet de Maison universitaire internationale à la tour Seegmuller, sur la presqu’île Malraux.
Le choix de l’arobase dans l’intitulé du nouveau plan d’accompagnement des « campus d’@ve-nir » dit assez l’importance accor-dée par le ministère aux services et usages numériques, « pivot essentiel de la modernisation et de la transformation des établissements ».
Cours numériques
Du coup, lors de la visite du Centre de culture numérique de l’Université de Strasbourg, dont les usagers qui y croisent ceux du monde de l’entreprise « co-contruisent » leurs outils, les responsables n’ont pas manqué de rappeler que 4 517 espaces de cours numériques sont déjà ouverts à l’Unistra, que 1 319 enseignants en sont créateurs et que 25 556 étudiants utilisent Moodle, la plateforme pédagogique de l’université alsacienne.
Un domaine dans lequel la ministre n’a pu qu’encourager les Strasbourgeois à poursuivre leurs efforts, tant, a-t-elle rappelé, « la France est en retard ». À l’appui, elle a cité « les diplômés d’Harvard qui n’ont pas mis les pieds à l’université et qui sont, aujourd’hui, plus nombreux que les diplômés ‘‘résidents’’ sur site » …