Au sud de Strasbourg, un musée d'Art moderne en pleine zone industrielle
L'entrepreneur et mécène allemand Reinhold Würth inaugure vendredi, au beau milieu d'une zone industrielle au sud de Strasbourg, un musée d'Art moderne, écrin de verre et de béton pour sa collection de chefs d'oeuvre de Munch, Nolde ou Picasso.
Le musée Würth-France - deux volumes parallèles de béton brut surmontés de deux boîtes de verre, oeuvre des architectes lyonnais Jacques et Clément Vergély - est le 13e au monde construit par le "roi de la vis" pour y faire tourner sa riche collection d'art moderne et contemporain.
En construisant ce musée aux abords de son siège social français, cet entrepreneur qui a bâti sa fortune après guerre sur la vente en gros de vis et fixations s'inscrit dans la continuité de sa philosophie de rendre l'art accessible sur le lieu de travail. Les douze autres espaces d'exposition se trouvent eux aussi sur les sites des dépendances du groupe en Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Italie, Norvège, Pays-Bas et Suisse.
Reinhold Würth, 72 ans, avait entamé dans les années 1960 sa collection par l'acquisition d'une aquarelle de l'expressionniste allemand Emil Nolde.
Il est à la tête d'une des plus importantes collections privées d'Allemagne, composée de quelque 11.000 oeuvres d'artistes modernes et contemporains, de Claude Monet à Gerhard Richter, en passant par Pablo Picasso, René Magritte, Max Beckmann, Christo, Georg Baselitz ou Anselm Kiefer.
Avec ses 3.600 m2 dont 800 exclusivement dédiés à l'espace d'exposition, un auditorium de 230 places, une cafétéria avec terrasse donnant sur des jardins paysagers, l'ensemble d'Erstein aura coûté 10,5 millions d'euros.
La première exposition qui y est présentée s'intitule "Un monde à part" et brosse les principaux axes de la collection Würth, "en faisant dialoguer les oeuvres d'art moderne avec celles d'artistes plus contemporains", souligne Viktoria von der Brüggen, la directrice du musée d'Erstein.
Des oeuvres d'expressionnistes (Emil Nolde, Ernst Ludwig Kirchner) ou de précurseurs de l'expressionnisme ("Le Vampire" d'Edvard Munch) font ainsi face à des néo-figuratifs des années 1960 à 1980, l'abstraction géométrique d'un Frantisek Kupka est confrontée aux expériences optiques de Victor Vasarely ou Jesus Rafael Soto. Plus loin, une machine de Jean Tinguely baptisée "Portrait de Frank Lloyd Wright" conclut une série consacrée au surréalisme avec des oeuvres de Jean Arp, René Magritte ou Joan Miro.
Sans chercher l'exhaustivité, la collection reste très ouverte sur les grandes tendances de l'art du XXe siècle, souligne Mme von der Brüggen. Avec une prédilection pour la sculpture et la peinture.
Retiré de la direction opérationnelle du groupe depuis le milieu des années 1990, Reinhold Würth préside aujourd'hui le conseil de surveillance de la Fondation Würth, reconnue d'utilité publique et engagée dans la restauration d'art, la littérature, la peinture ou la musique.
Il avait pris en 1954 la tête du commerce de visserie de son père décédé prématurément. A l'époque, l'entreprise comptait deux employés. Aujourd'hui, le groupe Würth est présent dans 86 pays. Il emploie 62.000 personnes dans 385 sociétés pour un chiffre d'affaires de 7,75 milliards d'euros en 2006.
AFP (23/01/2008)
http://www.musee-wurth.fr/