Le plan du canton pour booster ses transports
MOBILITÉ | En multipliant les fréquences de circulation des trains, le canton veut rattraper son retard sur Zurich ces quinze prochaines années.Tour d’horizon d’une multitude de projets.
MEHDI-STÉPHANE PRIN | 14.04.2010 | 00:06
Après des décennies à voir passer les grands travaux ferroviaires sous son nez, le canton sort enfin grand vainqueur des dernières décisions des CFF et de la Confédération. Outre des Intercity toutes les 15 minutes entre Lausanne et Genève, l’ensemble des horaires vaudois va fortement s’étoffer, avec notamment un doublement des cadences en direction d’Yverdon et d’Aigle. Entre petites et grandes améliorations, les changements s’annoncent spectaculaires pour les voyageurs. En terre vaudoise, les investissements dépasseront les 3 milliards de francs, selon notre estimation.
Alors même si la célèbre troisième voie entre Renens et Coppet est reportée aux alentours de 2030, le chef du Département des transports, François Marthaler, garde le sourire. «Depuis les ébauches de Rail 2000 dans les années 80, la philosophie de développement de l’offre ferroviaire a changé. Aujourd’hui, il n’est plus forcément nécessaire de creuser des tunnels ou de construire de longs ponts pour augmenter le nombre de trains. L’heure est à l’optimisation du réseau ferroviaire, avec notamment des investissements massifs dans les grandes gares, comme Genève et Lausanne.» Pour le magistrat Vert, l’important est le nombre de trains par heure, pas forcément les rails sur lesquels ils circulent. Voici les grands principes du plan qui va permettre à Vaud de rattraper son retard sur Zurich.
Quatrième voie Lausanne-Renens
L’infrastructure supplémentaire prévue entre Lausanne et Renens est la réalisation la plus urgente pour faire sauter les bouchons autour du principal nœud ferroviaire romand. Vaud et Genève s’apprêtent à avancer l’argent aux CFF pour qu’ils puissent donc construire une quatrième voie le plus rapidement possible. «Il nous la faut pour 2018 au plus tard», lance François Marthaler. De cette voie supplémentaire dépendent les améliorations les plus spectaculaires des horaires et aussi la fréquence au quart d’heure du RER vaudois entre Cully et Cossonay. Le Grand Conseil se prononcera prochainement sur un crédit de 140 millions de francs pour réaliser ce chantier sur un des tronçons les plus surchargés de Suisse.
Travaux d’Hercule à la gare de Lausanne
Le fonctionnement du principal nœud ferroviaire romand va être complètement revu pour accueillir plus de trains et de voyageurs. Un vrai casse-tête dans l’espace étriqué de la gare de Lausanne. Les CFF prévoient notamment d’allonger les quais en direction de Renens et de créer un, voire deux passages sous-voies supplémentaires pour faire face à l’explosion du nombre de voyageurs. Les impressionnants faisceaux d’aiguillages seront revus, tout comme la circulation des trains entre Renens et Lausanne.
Autant de travaux qui devront être réalisés en provoquant le moins de perturbations possible dans une des régions ferroviaires les plus fréquentées de Suisse. «Nous allons devoir travailler à la petite cuillère», résume Bernard Knupfer, de CFF infrastructure. L’investissement prévu dans la modernisation du nœud ferroviaire de Lausanne s’approche du milliard de francs.
L’envoléedu RER vaudois
Avec la mise en service de la gare de Malley en 2012, et surtout la quatrième voie Lausanne-Renens en 2018, un véritable Réseau express régional va voir le jour dans le canton. Les trains circuleront toutes les 15 minutes entre Cully et Cossonay. Sur l’ensemble des autres lignes, celles de la Broye comprises, les RER circuleront toutes les 30 minutes. Une augmentation ultérieure de cette fréquence est à l’étude entre Lausanne et Allaman. Cela nécessitera cependant la construction d’une troisième voie entre Renens et Allaman, pas prévue avant l’horizon 2030. Pour accélérer ce tempo, Vaud et Genève vont prochainement financer les études à hauteur de 15 millions de francs.
Un super RER avec la France et Genève
Toutes les 30 minutes, des rames à deux étages du RER genevois fonceront entre Annemasse et Lausanne en s’arrêtant dans les gares de moindre importance comme Gland, Rolle et Renens. Ce RégioExpress, comme l’appellent les CFF, doit entrer en fonction fin 2012 déjà sur son parcours suisse. «Il s’agit d’un lien extrêmement important entre les RER vaudois et genevois, affirme François Marthaler. Il permettra notamment aux habitants de La Côte de se rendre facilement dans les agglomérations lausannoise et genevoise.» Le canton demande déjà aux CFF de prévoir d’augmenter la cadence de ce futur train de la métropole lémanique au quart d’heure. Mais pour cela, il faudra attendre la réalisation de la troisième voie, au plus tôt.
Petits trains et bus deviennent grands
Le plan du canton ne s’arrête pas aux voies CFF. Des mini- RER vont voir rapidement le jour sur trois lignes secondaires. Entre Nyon et Genolier et entre Lausanne et Cheseaux, les petits trains circuleront toutes les 15 minutes. La liaison entre Morges et Apples fonctionnera à la cadence de 30 minutes, avec un doublement prévu en cas de succès. Au-delà des rails, de fortes augmentations de l’offre de bus sont également dans les tiroirs, principalement des communes.