Les travaux se font toujours attendre au château de Tancarville, qui se dégrade
Tancarville. Racheté en 2013, le château avait bénéficié rapidement de travaux en toiture. Mais depuis lors, plus rien n’a été fait et dans le village, on s’inquiète de son état.
Racheté en 2013 par des footballeurs professionnels, dont le Franco-Sénégalais Rémi Gomis, au travers d’une association syndicale libre, le château de Tancarville, en piteux état, devait être transformé pour accueillir dix-neuf logements de standing en son grand bâtiment du XVIIIe siècle. Mais depuis qu’une entreprise de Petiville a réalisé des travaux de mise hors d’eau sur l’une des tours, en 2014, plus rien n’a contribué à redonner une âme aux lieux dont les plus vieilles pierres datent du XIe siècle. Ce qui inquiète l’association des Amis du château, et interroge le maire de la commune. D’autant que l’édifice s’abîme.
Il se dégrade
« Nous n’avons aucun contact avec les propriétaires. On ne voit plus rien qui bouge. On se pose franchement des questions », répète avec désarroi Jean-Loup Diviné, président de l’asso qui milite depuis 1988 pour la revalorisation de ce patrimoine. La structure métallique fixée sur la tour de l’Aigle, datant du XVe siècle, à gauche de l’entrée, afin de protéger des eaux de pluie la terrasse d’artillerie, est l’un des seuls éléments d’embellissement présents. À l’intérieur des tours, « des étais avaient été posés un peu partout. Mais désormais, la tour de l’Aigle et celles de l’entrée, où les travaux d’étanchéité qui avaient été envisagés n’ont pas été faits, commencent à présenter un risque d’effondrement », assure Jean-Loup Diviné. Quant aux planchettes de bois posées pour combler les vitres brisées, elles n’ont plus la même utilité. Dans la cour, qui avait été nettement débroussaillée par un chantier d’insertion il y a quatre ans, la végétation sauvage a repris sa domination.
Ce joyau local, classé Monument historique, souffre. Et malgré les passages de la police municipale et les efforts de l’association pour sécuriser les lieux, ceux-ci sont « toujours régulièrement visités ou squattés », dit-elle. « J’en ai marre de poser des cadenas. Ils ne tiennent pas une semaine », souffle son président. « J’ai envoyé un courrier il y a de longues semaines à la société des propriétaires à propos des accès au château et de sa sécurité. Je n’ai pas eu de retour », regrette le maire David Sablin, qui n’a pas plus de contacts avec les autres acteurs.
Pas de permis de construire
Selon nos informations, la société immobilière corrézienne Immorev, initialement chargée de monter le dossier, a été placée en liquidation judiciaire en 2015. Mais l’un de ses cadres, Daniel Sol, assurait à l’été 2016 être toujours dans l’aventure et promettait du concret pour... l’automne dernier. Nous n’avons pu le joindre. « Nous lui avions demandé qu’il nous tienne au courant de l’évolution du dossier », souligne Jean-Loup Diviné, sans nouvelles. Quant à Christian Bourliataud, qui s’était présenté comme coordinateur des travaux pour la société Immovation, elle aussi située à Uzerche, en Corrèze, il se serait retiré du projet.
Dans les Yvelines, au cabinet de Pierre Bortolussi, architecte des Monuments historiques qui a œuvré pour la rénovation, on assure avoir eu des contacts avec une femme représentant la société Immovation. Mais l’on reste aujourd’hui « en attente du permis de construire, sans nouvelles » non plus.
« Les Tancarville étaient les chambellans des ducs de Normandie. Ce château, c’est vraiment l’histoire de notre région », s’impatiente Jean-Loup Diviné. Avec l’espoir, toujours, d’éviter un nouvel échec, tel que celui d’autres acheteurs, dans les années 1990. Ils avaient délaissé le domaine après en avoir vendu une partie comme bois de chasse, où se trouvent des ruines médiévales, rappelle les Amis. C’est par là qu’aurait pourtant pu être créé un accès pour les secours, la porte principale étant trop étroite. Avant les avant-derniers investisseurs, à partir des années 1960, la forteresse avait accueilli des colonies, puis un restaurant, des artisans. Le dernier véritable occupant avait été un brocanteur, il y a une vingtaine d’années.