http://www.lexpress.fr/info/france/dossier/demographie/dossier.asp?ida=432860
Quand la France fait boom
par Michel Feltin
Plus de naissances, plus d'immigration: le recensement de 2004 révèle une population bien plus dynamique que prévu. Le ministre de l'Equipement, Gilles de Robien, évoque déjà le chiffre de 75 millions d'habitants à l'horizon 2050. Si la tendance se confirme, ce sera un bouleversement pour les retraites, le logement et l'aménagement du territoire. Déchiffrage
Et si la France, sans vraiment s'en rendre compte, vivait une révolution démographique? Certains en sont déjà persuadés. «Il est probable que la France comptera, en 2050, 75 millions d'habitants», affirme ainsi Gilles de Robien, qui tiendra un important colloque sur ce thème le 12 mai. Jusqu'à présent, les pouvoirs publics tablaient plutôt sur 64 millions, selon le «scénario central» que l'Insee avait établi après le recensement de 1999. Un scénario qui semble en retrait des tendances révélées par le recensement de 2004. Si la prévision du ministre UDF de l'Equipement peut être contestée, les résultats du recensement de l'Insee montrent en tout cas une inflexion nette. Le rythme de croissance de la population a augmenté de 50% en métropole, passant de 0,39% par an de 1990 à 1999 à 0,58% entre 1999 et 2004. Un phénomène qui mérite, en soi, quelques explications.
Une natalité plus forte que prévu. La fécondité des femmes de moins de 29 ans, qui baissait depuis longtemps, semble désormais stabilisée, alors que celle des femmes de plus de 30 ans continue d'augmenter. Résultat: l'indice conjoncturel de fécondité, qui rapporte les naissances de l'année au nombre de femmes en âge de procréer, se redresse: il est passé de 1,78 en 1998 à 1,92 en 2004. Plus intéressant encore: «On n'observe pas de baisse chez les femmes les plus jeunes, celles qui ont connu à la fois la crise économique, l'allongement des études, la contraception et l'avortement», souligne Olivier Piron, inspecteur général de l'équipement chargé d'une mission d'études prospectives auprès de Gilles de Robien.
Cette remontée semble confirmer la thèse d'un démographe contesté, Hervé Le Bras, qui estime depuis longtemps que la lente baisse de cet indice résultait surtout d'un «effet calendrier»: les femmes ne font pas moins d'enfants, mais les font plus tard. Un décalage qui entraîne certes une baisse de l'indice conjoncturel, mais ne menace pas, selon lui, le renouvellement de la population. «Pour le moment, note-t-il, la descendance finale, c'est-à-dire le nombre d'enfants moyen d'une génération de femmes à la fin de sa période de fécondité, est stabilisée à 2,1, c'est-à-dire au niveau qui permet le renouvellement de la population.» Le problème est que, par définition, la descendance finale n'est connue que pour les femmes nées avant 1960 (l'essentiel des naissances ayant lieu avant 45 ans). Pour les générations nées à partir de 1970, Guy Desplanques, chef du département de la démographie à l'Insee, doute toujours que, compte tenu du retard accumulé, on dépasse le seuil de 2. L'Institut national d'études démographiques (Ined), un peu plus optimiste, estime qu'il «pourrait être légèrement inférieur à 2,1».
Quand la France fait boom
par Michel Feltin
Plus de naissances, plus d'immigration: le recensement de 2004 révèle une population bien plus dynamique que prévu. Le ministre de l'Equipement, Gilles de Robien, évoque déjà le chiffre de 75 millions d'habitants à l'horizon 2050. Si la tendance se confirme, ce sera un bouleversement pour les retraites, le logement et l'aménagement du territoire. Déchiffrage
Et si la France, sans vraiment s'en rendre compte, vivait une révolution démographique? Certains en sont déjà persuadés. «Il est probable que la France comptera, en 2050, 75 millions d'habitants», affirme ainsi Gilles de Robien, qui tiendra un important colloque sur ce thème le 12 mai. Jusqu'à présent, les pouvoirs publics tablaient plutôt sur 64 millions, selon le «scénario central» que l'Insee avait établi après le recensement de 1999. Un scénario qui semble en retrait des tendances révélées par le recensement de 2004. Si la prévision du ministre UDF de l'Equipement peut être contestée, les résultats du recensement de l'Insee montrent en tout cas une inflexion nette. Le rythme de croissance de la population a augmenté de 50% en métropole, passant de 0,39% par an de 1990 à 1999 à 0,58% entre 1999 et 2004. Un phénomène qui mérite, en soi, quelques explications.
Une natalité plus forte que prévu. La fécondité des femmes de moins de 29 ans, qui baissait depuis longtemps, semble désormais stabilisée, alors que celle des femmes de plus de 30 ans continue d'augmenter. Résultat: l'indice conjoncturel de fécondité, qui rapporte les naissances de l'année au nombre de femmes en âge de procréer, se redresse: il est passé de 1,78 en 1998 à 1,92 en 2004. Plus intéressant encore: «On n'observe pas de baisse chez les femmes les plus jeunes, celles qui ont connu à la fois la crise économique, l'allongement des études, la contraception et l'avortement», souligne Olivier Piron, inspecteur général de l'équipement chargé d'une mission d'études prospectives auprès de Gilles de Robien.
Cette remontée semble confirmer la thèse d'un démographe contesté, Hervé Le Bras, qui estime depuis longtemps que la lente baisse de cet indice résultait surtout d'un «effet calendrier»: les femmes ne font pas moins d'enfants, mais les font plus tard. Un décalage qui entraîne certes une baisse de l'indice conjoncturel, mais ne menace pas, selon lui, le renouvellement de la population. «Pour le moment, note-t-il, la descendance finale, c'est-à-dire le nombre d'enfants moyen d'une génération de femmes à la fin de sa période de fécondité, est stabilisée à 2,1, c'est-à-dire au niveau qui permet le renouvellement de la population.» Le problème est que, par définition, la descendance finale n'est connue que pour les femmes nées avant 1960 (l'essentiel des naissances ayant lieu avant 45 ans). Pour les générations nées à partir de 1970, Guy Desplanques, chef du département de la démographie à l'Insee, doute toujours que, compte tenu du retard accumulé, on dépasse le seuil de 2. L'Institut national d'études démographiques (Ined), un peu plus optimiste, estime qu'il «pourrait être légèrement inférieur à 2,1».