DERB OMAR
UN DEMI-MILLION DE M2 DE «ZONE FRANCHE»
ABSENCE D’ÉQUIPEMENTS, OCCUPATION DU DOMAINE PUBLIC, INSÉCURITÉ… LES MAUX DU SITE
LE COMMERCE DU TISSU OCCUPE 66% DES SURFACES DE VENTE
79% DES COMMERÇANTS SONT LOCATAIRES
Le quartier Derb Omar est devenu une source de nuisances en plein centre-ville. Pollution, gêne de la circulation, mobilité, accessibilité, manque de compétitivité… Autant de points noirs qui devront être améliorés par le projet de restructuration du site
UN quartier tentaculaire. Le site Derb Omar s’étend sur 50 hectares. Il abrite 2.045 commerces, représentant 95.000 m2 de surfaces de vente et 60.000 m2 de surfaces de stockage. Derb Omar représente 155.000 m2 d’espaces dédiés à des activités commerciales, contre 200.000 m2 pour le Morocco Mall. Outre les commerces, qui génèrent environ 7.000 emplois, le site abrite également 3.292 logements pour 8.347 habitants. Cette promiscuité est à l’origine de beaucoup de désagréments pour les flux logistiques à Casablanca mais aussi pour les riverains en termes de nuisances sonores, de difficultés de circulation, d’accès au logement, d’hygiène…
Malgré une superficie de 500.000 m2, les équipements urbains semblent être oubliés. Le quartier est dépourvu de toute infrastructure culturelle, d’enseignement, de loisir ou de parc public. Autre caractéristique insolite du quartier, le manque de l’infrastructure touristique commes les hôtels et les restaurants.
La clientèle de Derb Omar est composite, mais elle est largement dominée par les clients particuliers (50%), suivis des revendeurs (23%), des clients professionnels. Pour leur part, les marchands ambulants représentent 4% de la clientèle. L’étude menée par MCE Consulting révèle que 54% des clients se rendent à Derb Omar par le moyen du transport public (bus et taxis), tandis que 40% des clients utilisent leur voiture ou sont conduits par un proche.
L’écrasante majorité des clients particuliers (65%) fréquentent le quartier en milieu de semaine, contre 32% le samedi. Les mêmes habitudes de fréquentation sont remarquées au niveau de la clientèle des professionnels : 73% effectuent leur approvisionnement en milieu de semaine contre 27% le samedi.
L’étude montre également que 53% des clients particuliers préfèrent se rendre dans le quartier dans la journée et 37% la matinée. Quant à la clientèle des professionnels, 50% choisissent la matinée, tandis que 40% choisissent l’après-midi pour réaliser leurs achats.
Au niveau de la nature des produits commercialisés, la clientèle sondée cite en premier lieu Derb Omar pour le tissu, l’ameublement et les vêtements traditionnels, l’agroalimentaire, le plastique, les ustensiles de cuisine. En revanche, le quartier Maârif, grâce aux franchises, est cité en premier pour l’habillement. Pour les articles électroniques, c’est Derb Ghallef qui remporte la palme.
Le commerce des tissus représente 43% des activités, soit 66% des surfaces de vente. Il est suivi de l’habillement (18%) et des articles ménagers (13%).
Selon la perception des clients particuliers sondés, le quartier Derb Omar représente un lieu de comparaison des prix (31%), un lieu de nouveautés (27%), une diversité de l’offre (22%)... Mais si le site offre trois motifs de fréquentation, il n’en présente pas moins des points négatifs. Il y a d’abord le sentiment d’insécurité. A cause de l’absence des moyens de paiement électronique, les clients sont obligés de porter sur eux de grosses sommes d’argent. En fonction de leur projet d’achat. Autres points négatifs, l’absence de parkings publics, la cohabitation entre commerce de gros et de détail, l’anarchie générale (absence de signalisation, occupation du domaine public, marchands ambulants…)
Les grossistes constituent 8% des commerces et accaparent 45% des surfaces de stockage. Ils génèrent l’essentiel des flux logistiques. En revanche, les détaillants représentent 92% des commerces et mobilisent peu de moyens logistiques. Ce qui devrait favoriser la délocalisation du commerce de gros vers les nouvelles plateformes logistiques, même si 37% des commerçants sont favorables à l’extension des zones de stockage. Fief de l’informel, les transactions commerciales sont caractérisées par leur manque de traçabilité à cause de l’absence de facturation. De plus, les produits proposés sont très souvent de second choix. Autant de contraintes qui freinent la fréquentation du quartier. Pour améliorer la situation, les clients proposent l’augmentation des moyens de transport public (32%), la construction de parkings (27%), l’élargissement des trottoirs (11%). En fait, l’occupation du domaine public est une règle. Des portions de trottoirs ou de la voie publique sont utilisées comme des extensions des commerces ou des «zones logistiques». Une situation qui s’explique par le fait que les commerçants étalent leurs marchandises pour empêcher l’installation des marchands ambulants.
La mise en œuvre du projet de restructuration du quartier commercial nécessite d’abord l’identification des différents statuts des commerçants. Ainsi, la majorité des opérateurs sont locataires (79%). Les commerçants propriétaires de leur magasin ne constituent que 21%. 93% des négociants sont organisés en personnes physiques contre 7% pour les sociétés personnes morales (soit 134 commerces). Au niveau du statut du fonds de commerce, 96% sont propriétaires et 4% locataires. La parité n’est pas encore de mise au quartier Derb Omar, où les commerçants sont à 95% de sexe masculin. Des secteurs, comme l’alimentation ou les accessoires automobiles, sont la chasse gardée des hommes (100%).