Festival Lumière de Lyon : le pari réussi de Thierry Frémaux
lepoint.fr | 19.10.2017
Créée en 2009, cette manifestation dédiée aux films de patrimoine fédère chaque année grand public et stars mondiales dans une ambiance bon enfant.
Catherine Frot, Pierre Richard, Vincent Lindon, Christophe Lambert, Marina Foïs, Guillermo del Toro, Alfonso Cuarón, Michael Mann, Tilda Swinton, Jerry Schatzberg… La cérémonie d'ouverture du 9e Festival Lumière, samedi 14 octobre dans une halle Tony-Garnier immense et pleine comme un œuf, a vu défiler une fois encore un véritable inventaire à la Prévert de personnalités du monde du cinéma.
FRANCE-FILM-FESTIVAL-LUMIERE © Nicolas Liponne Nicolas Liponne / NurPhoto
Dédiée aux « films de patrimoine », cette manifestation créée en 2009 a su charmer à la fois le grand public et la crème des cinéphiles autour de la programmation de grandes œuvres populaires restaurées et d'avant-premières de prestige (cette année : La Forme de l'eau de Guillermo del Toro, quatre mois avant sa sortie française).
« La raison de ce succès réside dans la motivation du festival : célébrer l'amour du cinéma, la curiosité, l'envie de faire découvrir et l'idée que les artistes aiment venir parler de leur film, mais aussi de ceux des autres », résume Thierry Frémaux, cocréateur (avec Bertrand Tavernier) et délégué général de l'événement.
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Ambiance colonie de vacances
Frémaux a incontestablement réussi un spectaculaire pari avec ce festival qu'il a porté sur les fonts baptismaux, dans la cité où les frères Lumière firent naître officiellement le cinématographe en 1895.
Fort d'un précieux carnet d'adresses acquis via sa casquette de délégué général du Festival de Cannes, cette ceinture noire (4e dan) de judo a su mettre à profit son instinct de tacticien et son entregent pour sortir en un éclair le « Lumière » de l'ombre de la Croisette. Clint Eastwood, Quentin Tarantino, Martin Scorsese, Pedro Almodóvar, John Lasseter, Michael Cimino, Wong Kar-wai… Le haut du panier des cinéastes et une pléthore de comédiens (Deneuve, Depardieu, Faye Dunaway…) ont déjà foulé la capitale des Gaules, rassurés par la convivialité d'un festival infiniment moins stressant que le colosse de Cannes.
Pas de compétition, un public à la fois populaire et cinéphile, des journalistes dix fois moins nombreux que sur la Croisette (littéralement : 418 accrédités cette année, contre les 4 400 à Cannes), une métropole où les infrastructures ultramodernes côtoient un centre-ville riche en bonnes tables… Il n'en fallait pas davantage pour aimanter en un temps record stars et cinéastes de renom, charmés par l'ambiance de colonie de vacances que Thierry Frémaux s'applique, avec un réel talent, à imprimer à son festival.
C'est bien simple : durant les 8 jours de la manifestation, il court littéralement partout, assurant avec l'énergie d'un bateleur de foire les deux heures de la cérémonie d'ouverture, mais aussi la présentation d'une bonne partie des 180 projections. (...)
Frémaux rêve de Spielberg et de Stallone
Omniprésent comme à Cannes, Frémaux est cependant ici plus détendu, moins cassant, heureux comme un réalisateur au moment de crier « moteur ». Lumière, c'est son bébé, son arène. (...)
À 57 ans, Frémaux s'amuse comme un gosse à Lyon, mais en coulisses, chaque année, il s'affaire fiévreusement pour réunir les fonds nécessaires au financement de sa danseuse, répartis environ à parité entre les institutions publiques (la métropole de Lyon, le CNC) et les ressources propres du festival (recettes de la billetterie et sponsors privés).
La manifestation fêtera sa dixième édition en 2018, année qui devrait marquer aussi le début d'un chantier de création d'un musée Lumière attenant à l'Institut du même nom, sous la direction de l'architecte italien Renzo Piano. Fidèle à son credo hybride, Thierry Frémaux rêverait d'accueillir au festival Steven Spielberg, Nanni Moretti ou même Sylvester Stallone,
« parce que c'est un grand cinéphile et l'amour du cinéma passe aussi par les acteurs ».
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