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Mer intérieure | Project

22007 Views 75 Replies 29 Participants Last post by  gms
Source:geopolis.francetvinfo.fr


Tunisie, Algérie: la folle histoire d’une mer dans le Sahara

C’était le temps des colonies. 1869, la France vient d’inaugurer en grande pompe le Canal de Suez avec l’impératrice Eugénie quand apparaît cette idée folle de faire entrer la mer dans le désert du Sahara par la région de Gabès (Tunisie) via les Chotts (sortes de lacs salés). L’idée est alors de faire reverdir le désert grâce à la présence de l’humidité apportée par la mer ainsi créée.

Faire reverdir le désert. Une belle idée portée par un officier français à la fin du 19e siècle. François Elie Roudaire, ingénieur militaire, topographe, découvre en faisant ses relevés dans les territoires récemment conquis par la France que des grandes dépressions salées s'étendent à l'est de l'Algérie, près de la frontière tunisienne. Il y voit les traces d'une ancienne mer. Connaissant ses classiques, Roudaire ne peut s'empêcher de penser que cette plaine de sel pourrait avoir été le fond marin de la légendaire baie de Triton, décrite par Hérodote.

Fouriériste, franc-maçon et républicain, Roudaire symbolise bien la mission civilisatrice que prétend incarner la France de l'époque. «Nous allons ouvrir là des débouchés à l’Europe, apporter la civilisation dans les parages, donner du travail aux indigènes, concilier tous les intérêts et faire le bonheur de tous», affirmait-il en cette période de conquête coloniale.

Entre colonisation et mission civilisatrice, l'heure est aux grands projets dans la lignée du Canal de Suez et de son ingénieur Ferdinand de Lesseps. «Le Sahara est le cancer qui ronge l'Afrique, écrit Roudaire. Nous ne pouvons pas le guérir, par conséquent, nous devons le noyer.» Reprenant l’image antique de la Mare Nostrum, le militaire-géographe défend son projet en imaginant la France maîtresse de cette mer intérieure en digne successeur de l’empire romain... Mais Rome ne s’est pas faite en un jour et son projet fou encore moins…



Photo du commandant Roudaire lors d'une mission en Tunisie en 1878 (Fonds Gallica de la BNF). © BNF Gallica


«Fertilisation de vastes étendues de terres désertiques»
C'est dans ce contexte que Roudaire a cette idée folle de créer une mer intérieure à cheval sur la Tunisie et l'Algérie qui ferait venir la mer depuis la Méditerranée, via Gabès, pour combler les chotts. Le projet est d'ampleur. L'idée est d'inonder un vaste «bassin d’une surface égale à dix-sept fois environ celle du lac de Genève, en communication avec la mer au moyen d’un canal de 240 kilomètres de long débouchant dans le golfe de Gabès»… A charge pour cette mer, grâce à l'évaporation, de créer un climat humide favorable à la végétation et à une modification du climat.

Les chotts (en bleu sur la carte) de Tunisie (chott el-Jerid) et d'Algérie (Melghir)... que Roudaire voulait transformer en mer intérieure. © google map


Reste à Roudaire à vendre son idée. Il se sert de la presse. Le 15 mai 1874, il expose son projet dans La Revue des deux mondes. La créativité du visionnaire commandant Roudaire suscite des enthousiasmes.

Il cherche à entraîner avec lui le héros du moment en matière de grands travaux, Ferdinand de Lesseps, à qui il écrit pour expliquer son idée qui doit provoquer «...une immense amélioration du climat de l'Algérie et de la Tunisie, puisque l'humidité provoquée par l'évaporation de la vaste étendue d'eau sera entraînée par les vents dominants du Sud sur ces pays, formant une couche d'atmosphère humide qui atténuera considérablement l'intensité des rayons solaires, retardant le refroidissement de la terre par les radiations pendant la nuit. La mer proposée étant aussi navigable pour les navires ouvrira aussi une nouvelle route commerciale pour les districts situés au sud des Aurès tandis que les cours d'eau qui convergent du Sud, de l'Ouest et du Nord vers les chotts, mais qui sont maintenant secs pendant la plus grande partie de l'année, redeviendront des rivières, comme ils l'ont été, sans aucun doute, aboutissant finalement à la fertilisation de vastes étendues de terres désertiques sur leurs rives.»


La carte de Roudaire © BNF

Lesseps dans sa poche, Roudaire tente de convaincre l'Etat d'investir dans le projet qui est salué dans la presse de nombreux pays et enthousiaste nombre de sociétés savantes. Le projet est débattu dans de nombreuses instances scientifiques et politiques. Grâce à cela, il obtient le financement d'expéditions destinées à vérifier la faisabilité du projet. Et c'est lors de ces voyages (1876, 1878, 1883) que les ennuis commencent. Il s'aperçoit que si les chotts algériens sont bien situés sous le niveau de la mer, le chott el-Jerid tunisien est lui au-dessus du niveau de la mer... Or, difficile d'amener l'eau de la Méditérranée sur une pente montante. Il tente alors d'adapter ses plans mais, autre déconvenue, le passage d'un canal via Gabès se montre plus ardu que prévu en raison de la nature des sols.

«Pas lieu, pour le gouvernement français, d’encourager cette entreprise»
A ce moment-là, les critiques scientifiques et politiques commencent à se manifester. L’idée qu’une mer intérieure changerait le climat est contestée. Certains s'interrogent sur l'intérêt économique du projet et d'autres vont même jusqu'à évoquer le sort des populations des oasis qui verraient leurs terres noyées.

Pourtant, malgré les critiques, les difficultés géologiques rencontrées sur le terrain, les doutes sur l’utilité d’une telle mer... une très sérieuse et officielle nouvelle «Commission supérieure pour l'examen du projet de mer intérieure dans le sud de l'Algérie et de la Tunisie» voit le jour en 1882 et se lance dans une analyse minutieuse du projet.

Vieille couverture du livre de Jules Verne «L'invasion de la mer». © DR


Hélas... après étude du dossier, elle rejette le projet. «Est d’avis qu’il n’y a pas lieu, pour le gouvernement français, d’encourager cette entreprise», conclut le rapport de 550 pages adressé au président de la République, signé par C.de Freycinet, président du Conseil, ministre des Affaires étrangères. Rapport dont certains passages fleurent bon le colonialisme ambiant: «Le principal avantage de l’entreprise semble devoir être d’accoutumer (…) les Arabes nomades au travail.»

Chott el-Jerid au patrimoine de l'Unesco?
Lesseps et Roudaire tentent bien de lancer le projet sans soutien gouvernemental, mais la mer intérieure s'enfonce définitivement dans les sables du désert. Roudaire meurt, en 1885 à 49 ans, des fièvres contractées lors de ses expéditions, un an après Ferdinand de Lesseps qui, entre temps, a sombré dans le scandale de Panama (1880-1893).

Le projet fou de changer le climat du désert n'a pas survécu à ses créateurs... si ce n'est sous forme de livre. En effet, Jules Verne s'est passionné pour cette histoire et en a tiré un livre, son dernier, semble-t-il, sous le nom de L’invasion de la Mer (histoire qui porta aussi le nom de La Mer saharienne).

Aujourd'hui, le chott el-Jerid et ses paysages extraordinaires sont au cœur d'une région touristique tunisienne, avec les oasis qui en sont proches, comme Tozeur ou Nefta qui auraient sans doute été noyées dans le projet Roudaire. Et le gouvernement tunisien souhaite le classement du chott au patrimoine de l'humanité de l'Unesco.
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Je suis entrain de penser à la possibilité de transférer les eaux de la méditerranée vers le chott Melghir pour ensuite une désalinisation sur place grâce au technologies disponible et futur en utilisant le soleil pour la distillation ou autres.

Je ne parle pas ici de creuser un canal, mais de prendre avantage de l'altitude par rapport au niveau de la mer peu élever pour transporter des quantité qui peuvent être importantes d'eau de mer avec une consommation d'énergie relativement basse.

Utilisation de ces eaux pour l'irrigation des étendues saharienne de la région, élevage de poisson en eau salée ou douce, développement d'une activité sur place.

Peut-être aussi un adoucissement du climat grâce à la fraicheur de cette nouvelle mer.

En tout les cas le projet a le mérite d’être débattue et à mon avis il y a de véritables chances qu'il soit faisable financièrement, en tout les cas c'est moins difficile à réaliser qu'une terraformation de la planète Mars comme prôné par Elon Musk.



Et comme dit Einstein:
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J'étais en train de penser à ça pas plus tard qu'avant-hier soubhaballah!

Je pense que ce projet fait plus de sens que le fameux "Djisr el Jazair"...que ce soit en termes économiques (hinterlandisation du sud-est algérien), géopolotiques (raffermissment de la coopération algéro-tunisienne) et même politiques (vision et mégaprojet qui nous permettent de nous projeter dans le future et tempérer la sinistrose ambiante)

Je privilégie la piste du Canal, car elle permet d'envisager des ports et zones économiques tout le long du projet, ce qui enlèvera à coup sûre de la pression sur les ports du nord et donnera du peps à l'attractivité de la région en matière d'investissements. Sans compter les potentialités halieutiques (pêche continentale), touristiques et hydrographiques (dessalement d'eau de mer sur place).

Les seuls hics que j'entrevois outre l'absence de volonté politique des deux bords, est le coût non seulement de l'infrastructure à construire (canal, excavations et déroutements), mais aussi les expropriations énormes de palmeraies et villages entiers que cela engendre sans oublier le possible coût environnementale avec le risque de contamination de la nappe phréatique par l'eau de mer....

Je ne suis pas sûre ce dernier point.... si quelqu'un peut éclairer nos lanternes davantage...
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J'étais en train de penser à ça pas plus tard qu'avant-hier soubhaballah!

Je pense que ce projet fait plus de sens que le fameux "Djisr el Jazair"...que ce soit en termes économiques (hinterlandisation du sud-est algérien), géopolotiques (raffermissment de la coopération algéro-tunisienne) et même politiques (vision et mégaprojet qui nous permettent de nous projeter dans le future et tempérer la sinistrose ambiante)

Je privilégie la piste du Canal, car elle permet d'envisager des ports et zones économiques tout le long du projet, ce qui enlèvera à coup sûre de la pression sur les ports du nord et donnera du peps à l'attractivité de la région en matière d'investissements. Sans compter les potentialités halieutiques (pêche continentale), touristiques et hydrographiques (dessalement d'eau de mer sur place).

Les seuls hics que j'entrevois outre l'absence de volonté politique des deux bords, est le coût non seulement de l'infrastructure à construire (canal, excavations et déroutements), mais aussi les expropriations énormes de palmeraies et villages entiers que cela engendre sans oublier le possible coût environnementale avec le risque de contamination de la nappe phréatique par l'eau de mer....

Je ne suis pas sûre ce dernier point.... si quelqu'un peut éclairer nos lanternes davantage...
Mon idée est de pomper l'eau de mer dans les sebkha et créer une sorte de lacs qui s'alimentent par pompage des eau de chaque cote de pour éviter de faire une canalisation de golf de Gabes vers la sebkha de chott Melghir, comme ça pas besoin de creuser un canal avec ce qui l'en suit comme obligation de construire des ponts et autres expropriations.

on ne pompe que ce que l'on a besoin et donc économie d’énergie le niveau des canalisations étant proche du niveau de la mer l’énergie dépenser sera moindre.

La dessalinisation solaire avec des système simple pour chaque exploitation agricole, disons chaque hectare a besoin de 5000 mètre cube et donc chaque ferme de 10 hectares doit produire 50.000 mètres cubes soit 140 mètres cubes par jour, elle doit puiser d'une canalisation centrale qui alimente les périmètres en eau de mer et la dessalinisation se fait sur place le stockage dans des réservoirs sous terre pour éviter l’évaporation.

des procédés de dessalinisation par congélation de l'eau salée pourrait être envisager et le froid résultant pourrait être utiliser pour la culture sous serre ou autres utilisation domestique.

Le sel issue de la dessalinisation pourrait être utiliser pour la consommation et éviter toute contamination au lieu de l'extraire des sebkha.

l'aquaculture et le tourisme pourrait être de la partie...................

Je poste ici quelques piste qui pourrait être explorer.................
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Mon idée est de pomper l'eau de mer dans les sebkha et créer une sorte de lacs qui s'alimentent par pompage des eau de chaque cote de pour éviter de faire une canalisation de golf de Gabes vers la sebkha de chott Melghir, comme ça pas besoin de creuser un canal avec ce qui l'en suit comme obligation de construire des ponts et autres expropriations.

on ne pompe que ce que l'on a besoin et donc économie d’énergie le niveau des canalisations étant proche du niveau de la mer l’énergie dépenser sera moindre.
En faisant une approximation avec mon téléphone sur google map, la distance entre les côtes de Gafsa et le premier chott est d'à peu près 45/50 km, si on y rajoute les distance entre chott al-Jérid et chott el Gharsa qui est d'à peu-près 20 km, plus les distances nécessaires pour relier entre eux les chotts algériens, on doit arrive à quelque chose autour de 75km, soit exactement la même distance sur laquelle le canal de suez a été agrandi en 2015 et qui a coûté autour des 3 Milliards US$.

En sachant que la profondeur de ces chotts est semblable à celle du canal de Panama (autour de 17m sous le niveau de la mer), je me dis que le canal est plus que faisable, c'est même souhaitable par rapport au système de pompage, pour ces différentes raisons:

_ Évidemment: la navigabilité.

_ Approvisionnement naturel en eau et ne nécessitant aucune énergie contrairement au pompage, énergie qui pourrait être directement alloué au dessalement de l'eau et aux centrales photovoltaïques/géothermiques.

_ Plus vendable et marketable touristiquement parlant (croisières, accès aux bateaux de plaisance => méditerranée/mer intérieur, circuits touristiques gafsa,touzeur,biskra/el oued).

_ Plus intéressant économiquement: un port pour la région de Biskra/El Oued, et Tozeur, ouvre beaucoup de perspectives qui permettront à terme de rentabiliser cette infrastructure lourde (zones industrielles, droits de passages, exportation directe des exploitations aux alentours, moins de pressions sur les infrastrucutres du nord...)
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Le projet de canal semble bien plus intéressant mais sa réalisation est beaucoup plus complexe techniquement et onéreuse financièrement, mais l’idée reste séduisante.....................l'option canalisation pourrait être un début et une expérience pour éventuellement un canal.
By;www.annales.org
TRAVAUX DU COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE

- Troisième série -
T.XIII (1999)
Hocine BENDJOUDI et René LÉTOLLE
COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE (COFRHIGEO) (séance du 17 mars 1999)

M. Burollet traita voici quatre ans des débuts de la géologie tunisienne. En appendice à son article, et débordant quelque peu sur l'Algérie, on évoquera ici le rôle que jouèrent les géologues entre 1840 et 1890 environ, dans la curieuse histoire de « la mer intérieure du Sahara », dont les pivots furent le Capitaine François Elie Roudaire (1836-1885) pour la conception, et Ferdinand de Lesseps (1805-1894) pour le travail de « lobbying » auprès des pouvoirs publics et de l'Académie des sciences. Nous avons conté cette histoire, encore que bien des détails pourraient à l'avenir être exhumés des archives personnelles des protagonistes, de celles de l'Académie et de divers organismes qui furent impliqués dans cette affaire.

Rappelons qu'il s'agissait en quelque sorte de vivifier la zone présaharienne, de la région de Biskra à la Méditerranée en ouvrant le détroit de Gabès, pour que la mer envahisse cette région de steppe et de désert. L'existence de dépressions occupées par des chotts, dont certains sont situés sous le niveau de la mer, de vagues réminiscences d'auteurs anciens tels Hérodote et son continuateur Sylax, illustrées par les cartes faites au XVe siècle à partir des données de Ptolémée, firent, qu'avec l'avancement des connaissances dans la première partie du XIXe siècle, cette idée prit peu à peu du corps. On examinera successivement ici le travail des topographes et géologues qui participèrent à l'élaboration - par d'autres - du concept de « mer intérieure ».

I - Les précurseurs
Les premiers occidentaux à avoir approché les chotts, par leur limite nord, et à l'avoir raconté, sont, après les historiens arabes, Léon l'Africain (1550), qui ne connut Tozeur et Nefta que par ouï-dire, et Shaw qui les visita au début du XVIIIe siècle. La reconnaissance de la partie orientale de la dépression s'arrêta pratiquement là, bien que beaucoup de visiteurs fréquentassent Gabès, Gafsa et leurs environs. On connaissait l'existence, au pied de l'Atlas, de ces vastes régions très plates et couvertes par endroits de sel « brillant au soleil». L'exégèse de textes anciens, qui plaçaient le pays des Lotophages, et les lacs mentionnés par Hérodote dans la région de Gabès, faisait déjà penser à Shaw, un des premiers Européens à visiter la contrée, que l'île de Djerba et la région des chotts pouvaient correspondre à ces contrées mythiques. Peu à peu, divers auteurs émirent l'idée que, jadis, une mer régnait à cet endroit (à cause de la présence de mollusques littoraux), qu'elle s'était asséchée, que plus tard des lacs (d'eau douce) avaient pris sa place, et que les Lotophages avaient vécu sur leurs bords.

Les mollusques littoraux sont essentiellement des Cardium, qui sont en fait adaptables à un large degré de salure, de 70 à 5 g de « sel » par litre.
La notion de « temps géologique » n'était pas encore entrée dans les mours. D'autres émirent, bien avant Roudaire, l'idée qu'on ennoyât à nouveau le désert. Et, déjà des géologues, dont Pomel, insistèrent sur deux idées.
Pomel, exilé en Algérie par le Second Empire, y commença sa carrière de géologue.
La première idée est que, s'il y avait eu jadis une mer, c'était depuis des temps immémoriaux, sans commune mesure avec l'histoire humaine. Et il fit remarquer que les dépôts salins n'étaient pas de bon sel gemme marin, mais essentiellement du gypse. Cette indication essentielle aurait dû couper court à l'idée d'une ancienne mer, tout en confortant l'idée d'anciens lacs : mais l'expression « mer intérieure » ne parlait-elle pas plus à l'imagination des journalistes que le mot « lac » - celui-ci étant évidemment intérieur ! Dans l'introduction d'un petit livre qu'il publia en 1872, Le Sahara, il s'élève, bien avant que le capitaine Roudaire ne publiât dans la grande presse son projet, sur l'inconséquence voire l'impossibilité d'inonder le pré-Sahara tuniso-algérien.
II - Le projet de Roudaire : l'opposition de géologues
Roudaire, spécialiste de triangulation pour la carte d'état-major, avait déterminé la méridienne de Constantine à Biskra et connaissait donc le chott Melrhir, où il confirma les premières profondeurs négatives observées. Il lança l'idée d'ouvrir l'isthme de Gabès dans un premier article qui parut dans la Revue des Deux Mondes et eut grand succès, car il y présentait un projet apparemment bien étayé, avec des chiffres. Il obtint immédiatement le soutien de Ferdinand de Lesseps. Il prévoyait un canal creusé dans le sable qu'on pensait constituer l'isthme de Gabès, et, de là, la mer envahirait sans autre problème la dépression des chotts. Roudaire disait avec une naïve franchise qu'on n'avait aucune idée de la topographie et de la géologie, et qu'il fallait, évidemment, faire une mission de reconnaissance.

Il proclamait que la lagune ainsi formée aurait des quantités d'avantages, spécialement, par l'évaporation intense, l'humidification du climat aboutissant à la fertilisation des terres arides de la région. On pourrait « mettre en valeur» des dizaines de milliers d'hectares... qu'on louerait ou vendrait cher. Pas un mot à propos des autochtones. La lagune servirait aussi au commerce maritime, et de barrière contre les pillards venus de Tripolitaine.

Des voix nombreuses s'élevèrent dès alors pour énumérer les méfaits du canal : ensalement des oasis, création de marécages « putrides », dépôts salins sur les rives qui, emportés par le vent et constamment régénérés, empoisonneraient l'atmosphère, etc. Au moment où la notion d'« époque glaciaire » venait d'apparaître, certains prétendirent que l'invasion marine saharienne créerait les conditions de retour des glaces sur l'Europe ! Des physiciens firent valoir à ce propos que les quantités d'eau qui s'évaporeraient étaient sans commune mesure avec celles issues de la Méditerranée. Bref, si les arguments pour la « Mer intérieure » étaient bien faibles, ceux de certains de ses contradicteurs manquaient de consistance.

Les Comptes rendus de l'Académie des sciences ont conservé la trace de la dispute. On fit valoir qu'une lagune sans circulation de retour finirait par se transformer en marais salant et par se combler. De Lesseps plaisanta cette grave objection en faisant valoir que ses propres calculs prévoyaient le colmatage du bassin en 1560 ans. « On aura le temps de voir venir ! ». Il oubliait de mentionner que les mêmes calculs montraient qu'en quelques années, le bassin des chotts aurait atteint le point de précipitation du sel gemme, soit plus de 300 grammes par litre.

En fait, l'opinion publique s'intéressait peu à l'affaire, sinon les journalistes. Mais les plus chauds soutiens de Roudaire et de Lesseps étaient des militaires et certains hommes politiques de toutes opinions. De Lesseps fut le moteur essentiel de l'affaire ; à défaut d'arguments scientifiques, il proclamait à qui voulait l'entendre que l'ambitieux projet ferait la prospérité de notre empire colonial naissant et la gloire retrouvée de la France. Rappelons que la défaite de 1870 avait laissé d'amers souvenirs.

Entre temps, le géologue Edmond Fuchs, travaillant dans la région de Gabès, indiqua que l'isthme qui séparait le golfe du chott Fedjej, prolongement oriental du Djerid, avait une altitude de 40 m et qu'il comportait un noyau de calcaires durs ; ces résultats furent confirmés par Auguste Pomel, et par une petite expédition italienne. Dans les milieux nationalistes, on se gaussa de celle-ci en termes sarcastiques. Quant aux travaux de Fuchs, ainsi que ceux de l'expédition italienne, on les ignora superbement.

L'Etat, non sans réticence, et la Société de Géographie, avec enthousiasme, accordèrent un faible crédit, et Roudaire et ses hommes partirent de Biskra en décembre 1874. Ne pouvant emmener des naturalistes, zoologistes, botanistes et géologues, il n'était accompagné, comme connaisseur de déserts, que de l'explorateur Henri Duveyrier (1840-1892), déjà célèbre par ses expéditions dans le Sud-Est algérien et auteur d'un beau livre, Les touaregs sur ce peuple quasi inconnu jusqu'alors. Duveyrier fit de bonnes observations sur la géomorphologie et la stratigraphie des terrains, malheureusement disséminées dans ses nombreux écrits et non coordonnées. Roudaire fit un gros travail de topographie, fut dépité de voir les altitudes négatives disparaître à l'approche du Chott Rharsa et, heureusement, reparaître près de la frontière tunisienne (non précisément déterminée à l'époque). Les terrains rencontrés, sables, graviers ou marnes, n'opposaient pas d'obstacle sérieux jusqu'au Rharsa.

La seconde expédition de Roudaire, plus modeste, partit du golfe de Gabès. Elle ne comportait aucune personne à compétence géologique, sinon un entrepreneur de travaux publics employé à Suez par de Lesseps. La déconvenue fut grande quand Roudaire constata que l'isthme était bien tel que Fuchs l'avait décrit, qu'il faudrait creuser dans des calcaires. Seconde déconvenue, la croûte au fond du Djerid se montra constamment à une altitude dépassant 17 m. Elle recouvrait un sédiment salin imbibé d'eau et totalement instable. Troisième déconvenue, le Rharsa et le Djerid, près de Tozeur, étaient séparés par une barre calcaire haute d'une centaine de mètres, s'abaissant toutefois à 30 m au sud de Nefta.

Roudaire fit son premier rapport officiel. Il tortura ses cartes pour démontrer que les travaux supplémentaires seraient modestes. Et il imagina qu'en perçant un petit canal provisoire à travers la deuxième barrière, l'écoulement des liquides contenus dans le Djerid provoquerait l'auto-approfondissement dudit canal, la gravité faisant la totalité du travail. Quant à l'isthme de Gabès, de Lesseps proclama superbement que les déblais rocheux serviraient à la construction des jetées du futur port.

Roudaire repartit une troisième fois en novembre 1878, cette fois accompagné d'une équipe de sondage et d'un ingénieur géologue, Léon Dru. Les sondages prouvèrent que le Djerid comportait une grande épaisseur de sédiments très meubles imbibés d'eau, ce qui contraignit Roudaire à modifier son projet une seconde fois, et à faire passer le tracé de son canal sur la rive nord du Djerid. Dru fit du bon travail, leva des coupes, ramassa des échantillons et des fossiles, qui furent déterminés par Munier-Chalmas. Il fut le premier à expliquer la présence permanente d'eau sous la croûte saline des chotts par la remontée d'eaux profondes, celles des terrains dénommés aujourd'hui « Continental terminal». Ces mêmes remontées alimentent toujours les oasis entourant les chotts, de El Hamma de Gabès jusqu'à Nefta.

Roudaire publia son second rapport. Celui-ci reprend pour l'essentiel les propos du premier, y ajoutant les quelques idées que lui-même et de Lesseps avaient entre temps publiées dans d'innombrables notes à l'Académie. Pour économiser le maximum de travaux, Roudaire imagina toutes sortes de tactiques plus saugrenues les unes que les autres. Les attaques de ses détracteurs fusèrent de plus belle, l'argument nouveau étant le prix sans cesse grandissant de l'entreprise projetée ; mais les géologues de leur côté avaient déjà tout dit ; cependant Georges Rolland rappela qu'il ne fallait pas confondre deux problèmes : celui, de nature historique, peut-on dire, d'une mer ayant existé dans un lointain passé, et celui de la faisabilité d'une entreprise technique et commerciale dont les résultats, bénéfiques ou non, posaient d'énormes problèmes.

Le second rapport relança une discussion qui s'était quelque temps un peu assoupie, et restreinte à un petit cercle d'initiés. Comme aujourd'hui, des journalistes en mal de copie relançaient épisodiquement l'affaire dans des journaux d'opinion. Mais les spécialistes du pays des chotts (Martins s'était rallié à eux, après avoir été partisan du canal) furent relayés par les ingénieurs : tenue des berges, évaporation, corrosion saline... L'ingénieur Badois fit valoir, ce qui n'avait pas encore été fait, que le peu d'énergie de l'eau dans un canal à pente minime, l'évaporation, l'infiltration dans les sables, interdiraient probablement à l'eau de parvenir jusqu'au chott Merouane.

De Lesseps, en l'absence de Roudaire malade, fit le trajet de Gabès à Biskra et soutira aux amis qui l'accompagnaient un nouveau rapport favorable aux travaux. Léon Dru n'en était pas, et les officiers qui avaient accompagné Roudaire dans sa première expédition refusèrent de prendre parti.

Las de ces disputes stériles et peut-être surtout des interventions incessantes de Ferdinand de Lesseps auprès de ses services et de lui-même pour intéresser l'Etat à l'affaire, le Président du Conseil Charles de Freycinet convoqua une grande assemblée de parlementaires, de militaires, de techniciens et de savants pour demander un avis définitif. L'épais rapport de cette commission mérite lecture, qui permet d'apprécier dans notre optique de fin du XXe siècle l'opposition entre l'opinion des quelques tenants du canal - dont surtout des généraux et des amiraux - et les démonstrations rigoureuses des scientifiques (où l'on doit relever particulièrement le nom du physicien Jamin, resté jusque-là en dehors du débat), et des ingénieurs évaluant, bien plus méticuleusement que de Lesseps et Roudaire, le coût des travaux, estimés par eux à un milliard de francs de l'époque. Et pourtant les deux hommes ne ménagèrent pas leurs efforts.

La Commission parlementaire donna un avis défavorable et définitif : l'Etat n'avait pas à financer une entreprise dont le destin était douteux.

Du coup, de Lesseps créa sa propre Société de la mer intérieure (au même moment, il avait bien du mal à financer son canal de Panama), qui acheta quelques milliers d'hectares au nord de Gabès, prélude à la création d'un futur Port-Roudaire. Le premier forage d'eau douce, abondant, déclina très vite. Le domaine périclita, de sombres manoeuvres pour jeter la poudre aux yeux des actionnaires furent décelées par ceux-ci et le domaine dut être vendu. De Lesseps, par ailleurs, n'obtint pas la concession des phosphates de Gafsa découverts par Philippe Thomas qui, avant sa mort prématurée, avait, lui aussi, condamné le projet de canal ; non plus que celle du chemin de fer Gafsa-Sfax. Il n'y eut plus grand chose à signaler pendant cinquante ans.

III - Conclusion : la fin ( provisoire) de l'affaire
Nous renvoyons à l'article de Burollet (1995), pour la suite des travaux géologiques qui furent réalisés dans la partie tunisienne de la région. Ceux-ci, appuyés après 1945 par les nombreuses informations obtenues par les sondages pétroliers et les recherches hydrologiques, qui se sont poursuivies jusqu'à nos jours, ont permis d'avoir une idée assez complète de la structure de la région.

Il faut signaler ici les premières étapes de l'hydrogéologie de la bordure saharienne algérienne ; répertoriées par Justin Savornin en 1931. Celui-ci ne signale qu'une quarantaine de publications entre 1846 et 1930, ce qui est fort peu ; mais il n'était pas facile, avant la fin du XIXe siècle, de gagner le Sahara et surtout d'y travailler. Ce n'est qu'à partir de 1923 que le Service de la Carte géologique de l'Algérie commença à publier des rapports relatifs aux ressources en eau. Trois noms se détachent : ceux de Ludovic Ville, de Georges Rolland et de Savornin lui-même ; ce n'est que dans les années 1920 que l'on commence à voir se dessiner les grandes lignes du système hydraulique souterrain de la région qui nous intéresse ici.

Ludovic Ville publia dès 1840 une synthèse sur les bassins salins d'Algérie ; Dubocq (1852) publia les premiers travaux sur les chotts algériens, et les deux hommes constituèrent la base du Service des mines algérien. Ses derniers travaux en 1876 ont trait à la « mer intérieure ».
Georges Rolland, géologue de la mission Choisy de 1879-1880, entre Laghouat, El Golea, Ouargla et Biskra, publia beaucoup sur l'hydrologie et l'hydrogéologie du Sahara entre 1880 et 1894, en particulier sur la vallée de l'oued Rhir.
La sédimentologie et la géomorphologie (Coque) appuyées sur des techniques modernes, ont pratiquement résolu les problèmes de stratigraphie et d'hydrogéologie.

Les reprises du projet, dans les années 1957-58, juste avant l'indépendance de l'Algérie, puis à nouveau en 1983 par l'Algérie et la Tunisie, se sont appuyées sur les études antérieures, avec le concours dans le premiers cas, de spécialistes de l'hydrogéologie (Escande et Thirriot), et dans le second, d'un bureau d'études suédois. Elles ont conclu à la faisabilité technique du projet, mais à sa totale inutilité pratique, en termes de « développement ».

Dans notre livre, nous avons largement évoqué les problèmes humains que la réalisation de la mer intérieure aurait posés : expropriations arbitraires - les terrains de nomadisation étant déclarés « res nullius » - achats à prix dérisoire de terres cultivées, ennoyage d'oasis, emploi de main-d'oeuvre sous-payée, tous problèmes évoqués à la va-vite par les promoteurs du projet ; sans parler des problèmes diplomatiques, que de Lesseps escomptait régler par son entregent : l'affaire du canal arrivant à un moment où la France, désormais installée en Algérie lorgnait vers la Tunisie, créa un incident diplomatique avec l'Italie, et les relations commerciales avec ce pays en furent fortement affectées. En fait, Ferdinand de Lesseps, saint-simonien et fanatique des canaux voyait surtout dans ce projet une affaire juteuse, qu'il soutint aussi longtemps qu'il le put physiquement, accablé par les soucis que lui causait l'Angleterre, qui mettait la main sur le canal de Suez, et ceux de l'affaire de Panama, qui était un gouffre en hommes et en capitaux. Mais De Lesseps soutint loyalement Roudaire dans son rêve jusqu'à la mort de celui-ci en 1885, des suites de « fièvres » contractées dans le sud.

Le rôle des géologues dans l'affaire de la « mer intérieure » fut fondamental car, étant les seuls à connaître le terrain, les mises en garde qu'ils ne cessèrent de faire eurent un rôle essentiel dans la décision de l'Etat, à la suite des travaux de la Commission parlementaire qui prononça un avis défavorable à l'engagement des travaux et à leur financement. Les grands géologues dont nous avons cité les noms mériteraient d'être tirés de l'oubli.


Fig. 1 : Carte de la région des chotts entre Gabès et Biskra. 1 : frontière algéro-tunisienne ; 2 : voie ferrée en service ; 3 : voie ferrée abandonnée ; 4 : route ; 5 : oléoduc ou gazoduc ; 6 : limite des chotts.

Références
Nous donnons une importante bibliographie dans notre ouvrage.

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Afrique : de la Mer intérieure de Roudaire à la Révolution bleue





Prologue
En ce début du XXIe siècle, les populations maghrébines sont atterrées. Les économies nationales sont en désarroi et l’égoïsme de la culture moderne amplifie le sinistre. Si les bases économiques de leurs pays diffèrent, elles se recoupent en un point : leur dépendance vis-à-vis de l’extérieur dans un monde ultralibéral en décomposition. C’est tout leur malheur, et les conséquences internes sont désastreuses : corruption, pouvoir d’achat, inégalité, jeunesse oubliée, etc.

Vouloir sortir de cette prison impose une trajectoire obligatoire dont l’économiste et homme politique américain Lyndon LaRouche a détaillé les axes principaux :

reprise du contrôle de la finance mondiale par un retour au crédit public et une séparation des banques, selon les critères de la loi Glass-Steagall adoptée par le président américain Franklin Roosevelt en 1933, afin de casser le pouvoir impérial de cette oligarchie monétariste ;
chasser du pouvoir leurs principaux agents, à la Maison Blanche comme ailleurs ;
reconstruire par de grands projets d’infrastructures mettant en œuvre les meilleures technologies du moment et transformant fondamentalement la géographie sous-continentale.
L’impulsion significative de cette Renaissance pourra venir de l’adoption du projet NAWAPA (North Amarican Water and Power Alliance). Il s’agit d’un énorme projet visant à capter une partie des précipitations de l’Amérique du Nord pour l’amener vers les régions arides des Etats-Unis et du Mexique. Ce projet s’inscrit dans une alliance des quatre puissances – USA- Russie- Inde-Chine – proposée par LaRouche, seule capable de nous sortir de la crise.

Il ne s’agit pas là simplement d’un gros projet d’aménagement du territoire, mais d’une véritable révolution culturelle. C’est dans cet esprit que nous relançons ici, en la perfectionnant, l’idée géniale de François-Elie Roudaire. En réalité, si l’idée à cent quarante ans, la philosophie qui l’inspire remonte à plusieurs milliers d’années, quand l’homme s’est retrouvé en devoir de modifier son environnement pour lui-même et pour perfectionner la nature elle-même. Faisant ainsi appel à ses facultés créatrices, il définit par là même son statut d’être libre.

Pour donner vie à cette histoire, projetons-nous dans le futur.

Roudaireville-les-Palmiers, 2050
Notre belle cité ne va pas tarder à dépasser le demi-million d’habitants. Depuis quarante ans, la jeunesse du Maghreb, au lieu de se précipiter vers les banlieues de Paris, Berlin, Amsterdam ou Londres, s’est fixée ici ; car on y touche de bons salaires et les enfants disposent des meilleurs soins de santé. C’est dans l’agrochimie et la recherche spatiale que des milliers d’emplois ont été créés ici au cours de ces quarante dernières années.

Tout cela est le résultat de « la grande révolution bleue », qui a rendu l’eau disponible à volonté. Quelle rupture ! car à l’époque, s’étendaient ici les immensités arides du Sahara, le plus grand désert du monde.

Bien que l’on puisse encore croiser quelques pans de déserts intacts, depuis 2011, avec le plan Paumier-Roudaire, des lacs sont sortis des mirages et des milliers d’oasis ont été créées. Chacune abrite une ou plusieurs villes nouvelles, reliées entre elles par un réseau de transports rapides gagnant les pays lointains. Des légumes bon marché et les plus beaux vergers du monde, c’est cela Roudaireville-les-palmiers !

Alors nos enfants nous interrogent : « Papa, raconte-moi les quatre phases de la révolution bleue ! »

A. La phase tunisienne : de Gabès à Djeridville
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Reprenons du début. Par un beau jour de 2011, un navire arriva du grand nord avec une étrange cargaison. Il jeta l’ancre à quelques encablures au large de Gabès, le port tunisien de pêche et de phosphates. Si cela inquiéta les anciens et les touristes les plus âgés qui se faisaient bronzer sur l’île de Djerba, les plus jeunes faisaient le détour pour examiner l’étrange objet.

Cette venue en imposait un peu plus à ceux de la côte, d’autant qu’elle avait été soigneusement préparée : un vaste réservoir avait été installé sur les hauteurs des premières collines bordant la mer, avec une grosse conduite descendant jusqu’à la baie et s’y prolongeant même jusqu’au mouillage.

Un mois plus tard, on entendit un ruissellement d’eau aux abords de la retenue et très rapidement, on vit celle-ci se remplir jusqu’aux rebords.

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L’étonnement des gens du voisinage fut double : celui de voir un réservoir d’eau installé en haut des collines, alors que les rivières n’escaladent pas les collines, et surtout, de le voir se remplir d’eau de mer ! Mais d’où venait donc cette eau salée ? C’est là que les anciens découvrirent que l’étrange objet flottant n’était autre qu’une petite centrale nucléaire dont l’énergie permettait de pomper l’eau en hauteur !

Le réservoir, quant à lui, ne servait que de château d’eau pour la phase suivante. En laissant l’eau redescendre vers la mer, on pouvait produire de l’électricité hydraulique.

Un mois plus tard, d’autres bruits s’ajoutèrent : le ronronnement de l’usine électrique qui en turbinant l’eau du réservoir fournissait de l’électricité à la ville et surtout à une nouvelle usine de dessalement de l’eau. En premier lieu, l’eau douce nouvellement produite fut distribuée dans le réseau de la ville de Gabès où elle devint abondante. Les rayons du soleil se délectent depuis lors à jouer dans l’eau jaillissant des fontaines publiques.

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Regardons ensuite vers l’intérieur des terres où jadis s’étendait le désert et où paissaient les moutons. Là des travaux débutèrent dès les premiers jours, devenant vite impressionnants. En premier lieu, le Chott el-Fejal se trouva ceinturé d’un aqueduc, alimenté grâce à l’usine d’eau douce de Gabès.

De quoi parle-t-on quand on parle de « chott » ? Au sud de l’Algérie et de la Tunisie, au pied de la chaîne des Aurès et aux abords du Sahara, s’étendait à l’époque, sur une longueur de près de quatre cents kilomètres, une vaste dépression qui, à la saison des pluies, se transformait en terres marécageuses, voire en petits lacs. La dépression était partiellement couverte de sel cristallisé et se divisait en plusieurs cuvettes secondaires désignées par les Arabes sous le nom de chotts (de l’arabe chatt, « rivage »).

Commença alors le travail herculéen, indispensable pour en faire des terres fertiles, d’enlever le sel emprisonné depuis des millénaires dans ces cuvettes et dans le sol. Une fois l’eau douce déversée via l’aqueduc dans le premier chott, elle rinça le sol et amena l’eau salée à la mer par des conduits souterrains de la taille d’un homme, construits à cet effet. Avec la pluie qui accélérait le processus, le sel partait vers la Méditerranée.

La joie des citadins de Gabès éblouis par leurs belles fontaines ne fut rien comparée à celle des ruraux : la perspective d’avoir de l’eau douce disponible tout au long de l’année, et d’en avoir généreusement au point de remplacer cette eau saumâtre qui emplissait le fond des chotts était révolutionnaire. Si tout cela leur avait paru bizarre et confus au début, maintenant, le doute n’était plus permis. La révolution bleue était en marche !

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Pourtant, il fallait du temps à l’eau pour faire son travail. Aucun bulldozer n’aurait pu accomplir ce travail définitivement car le sel, profondément incrusté dans la vase et dans le sol, ne s’extrait pas aussi vite. Or, avec l’arrivée de l’eau douce, le sel, comme prévu par le plan, remonta mois après mois. Bien qu’une grosse partie fût éliminée, il en restait encore. Mais là aussi, le plan avait prévu une solution. Pour traiter le reliquat, les agronomes du projet plantèrent des plantes dites halophiles, capables d’absorber le sel restant. Ce n’est que récemment et grâce aux biotechnologies qu’on a pu mettre au point des variétés de riz halophiles. Ce fut une révolution mondiale discrète mais réelle. Depuis, les principales céréales ont leur variété halophile destinée à l’alimentation de base.

Ainsi, après quelques années de rinçage, un vrai lac s’était substitué au premier chott, solution bien préférable à la « mer intérieure » de Roudaire, qui aurait aggravé la salinité des sols. Puis, à l’instar des fameux polders hollandais où les hommes ont transformé leur mer intérieure en terres utilisables, ici aussi, grâce à un réseau de centaines de petits canaux, on a pu gagner du terrain et limiter l’évaporation. Ces surfaces furent ensuite transformées en champs cultivables. Au début, ces terrains gagnés furent semés de plantes halophiles et d’arbustes inconnus, conçus pour l’occasion. Depuis peu, les palmiers les ont remplacés.

L’élevage s’était réduit fortement par manque de fourrage et de pâturages. Seuls les pauvres gardaient des moutons et pratiquaient la transhumance locale. Mais le sol n’était pas aride et très vite les productions nouvelles des lacs diminuèrent la pression sur les jachères existantes qui purent alors se reconstituer. Les paysans rassurés passèrent à des élevages plus intéressants que le mouton, mais plus risqués en périodes incertaines ; la région devint ainsi exportatrice de lait et de fromage de chamelle. Ce lait est très prisé par toutes les mamans et s’est substitué à celui de vache, plus indigeste pour les nourrissons. Ce qui veut dire qu’une nouvelle agro-industrie a pris naissance depuis, mais contrairement à celle du XXe siècle, elle est décentralisée chez le producteur.

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Après le chott el-Fejal, ce fut le tour du chott el-Djerid et du chott El-Gharsa d’être « poldérisés » ainsi. La disponibilité de l’eau attirait alors les hommes en grand nombre et c’est là, à l’endroit même où jadis les moustiques pullulaient, que fut fondée Djeridville, la ville hors des mirages. Avec la civilisation vinrent aussi les oiseaux, en particulier les migrateurs qui retrouvèrent accueillantes ces contrées après des siècles d’oubli.

Une phase indispensable de la révolution bleue fut alors lancée. Tout au long du réseau d’aqueducs des derricks furent disposés, non pas pour extraire l’or noir, le pétrole, mais pour y injecter l’or bleu, l’eau, dans les profondeurs géologiques – celle qui était produite par l’usine de dessalement de Gabès. C’est ainsi que l’on ranima la nappe aquifère située sous cette partie de ce qui fut un désert aride. C’est la bonne santé de cette aquifère qui aujourd’hui est le garant de notre agriculture et qui mouille nos lèvres à chaque instant.

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Certes, l’eau était présente depuis longtemps, alimentant depuis toujours les sources des oasis en plein Sahara. C’est encore elle qui entretenait l’humidité saisonnière plus problématique des chotts. Mais, depuis le début du XXIe siècle, suite à sa surexploitation, le stress exercé sur la nappe augmenta. Si l’homme ne l’avait pas sauvée, son avenir aurait été compromis. Une des conséquences des injections faites par les derricks fut que les pluies arrosant les chaînes de montagne situées à plusieurs centaines de kilomètres, au lieu de remonter dans la dépression des chotts, nourrissent aujourd’hui davantage de sources d’oasis un peu partout.

B. Phase algérienne : le canal d’irrigation Gabès-Roudaireville-les-Palmiers
Tout ce travail du côté tunisien n’était pas passé inaperçu de l’autre côté de la frontière algérienne. On avait vu des oasis qui périclitaient lentement reprendre soudain de la vigueur, des couleurs et des souches d’arbres morts redonner de la tige. L’Algérie lança alors, elle aussi, sa révolution bleue en fondant Roudaireville-les-Palmiers.

Ainsi, au milieu du chott Melrhir, en Algérie, des armées de travailleurs avaient déjà préparé le terrain et un immense réseau de digues quadrillait l’ensemble de la dépression saline, la réduisant en bassins plus petits. Pour faciliter le travail de dessalement progressif, ils avaient patiemment fait entrer, l’un après l’autre, l’eau dans chacun des espaces nouvellement créés. Au cœur du dispositif, une usine de dessalement supplémentaire fut construite pour extraire le sel répandu sur le sol et qui s’était dissout dans l’eau douce arrivant de Tunisie. Un terrain spécial fut aménagé pour entasser le sel une fois recristallisé. Correctement conditionné, il sert utilement comme matériau de soutènement, y compris pour la construction des routes. Pour avoir une vue d’ensemble et une surveillance pas à pas de l’évolution sur de si grandes surfaces, l’espace proche fut mis à contribution, et Roudaireville et sa région devinrent un pôle de référence pour la géologie et l’agronomie spatiale.

Entre-temps, en Tunisie, au large de Gabès, la centrale nucléaire flottante avait été remplacée par d’autres centrales dix fois plus puissantes et l’eau douce y était produite dans une usine posée comme une île dans le golfe, après l’avoir fait flotter jusque-là. Pour accueillir les hommes qui y travaillent, on créa juste à côté un lieu de vie exceptionnel, l’île-ville d’Aquagabès.

Le changement de puissance et de taille permettait alors de passer à l’une des dernières phases : celle de la construction du canal Gabès-Roudaireville. Allant du sud de la Tunisie jusqu’en Algérie, ce canal d’irrigation fut conçu comme une rivière artificielle, permettant notamment de multiplier les points d’injections nourrissant la nappe souterraine.

Comme l’eau domestiquée arrivait généreusement en plein Sahara, les oiseaux et l’homme suivirent. C’est à partir de la révolution bleue que l’Algérie put rétablir une certaine souveraineté. Au lieu d’exporter des hydrocarbures à bas prix, on décida de faire passer le gazoduc par les agglomérations nouvellement créées dans la région des chotts ; dans le passé, il allait directement de Hassi Messaoud aux ports méditerranéens.

C’est alors que l’Etat créa à Roudaireville un grand complexe pétrochimique. Le peuplement de la région entraîna le développement d’autres activités, notamment les manufactures et l’extraction minière, devancées par la construction de routes et de transports rapides. La technologie de l’aérotrain, stupidement abandonnée en France , trouva ici sa meilleure adéquation. Grâce à ces « couloirs de développement », l’industrie de transformation s’étoffa enfin.

Le soleil qui pénètre dans l’eau suffit à assurer la croissance d’algues microscopiques. Elles sont produites ici en quantité, dans de grands lacs artificiels qui sont aussi destinés à la villégiature. Il suffit d’ajouter quelques nutriments, comme du gaz carbonique et de l’azote combiné provenant du gaz de pétrole et du phosphate d’origine régionale. Elles peuvent ainsi servir pour l’élevage des poissons comme pour remplacer le fourrage que l’on donne ordinairement aux bestiaux. Depuis que les installations tournent, l’usine de phosphate qui polluait Gabès a été fermée et déplacée ici. Elle ne pollue plus, mais offre au contraire beaucoup de minéraux utiles. Une biochimie complète s’est développée ainsi autour des algues, et les compétences se sont croisées avec les recherches agronomiques tropicales. Le vieux port de Gabès attire dorénavant les amateurs de vieilles pierres.

La coopération entre la Tunisie et l’Algérie lors de la révolution bleue provoqua aussi une révolution au niveau du droit. Comme l’eau ignorait les frontières des hommes, un autre Droit de propriété fut reconstruit autour du droit de l’eau et de la notion issue du traité de Westphalie de 1648, qui mit fin à la guerre de Trente Ans, remplaçant la loi du plus fort par celle d’un développement mutuel fondé sur « l’avantage d’autrui ». Selon le professeur Aly Mazahéri, le « droit de l’eau » est un héritage de la Perse. Si vous trouvez aujourd’hui en Iran, en Turquie, en Andalousie, en Algérie, de ces installations sur des aqueducs ou des canaux qui distribuent équitablement l’eau à plusieurs utilisateurs, ou permettant de le faire un jour ici, un autre là, c’est qu’un accord de principe et qu’une police a été développée pour ce faire. Une loi a été développée historiquement dans cette région désertique perse, qui se moque de la surface que vous occupez pour être chez vous, mais fait grandement attention à la provenance de l’eau de votre puits et de comment vous l’avez découverte.

Hormis le fait d’être des nids d’espions, les organismes supranationaux créés à la fin du XXe siècle pour prévenir les conflits sur l’eau transfrontalière, voulaient traiter le sujet comme ils le firent pour le droit de la mer : en respectant le droit de piraterie établi par la puissance historique, l’Empire britannique, avec son droit coutumier et son approche empiriste. Ainsi se créa alors un droit « positif » fondé sur les rapports de force.

A l’opposé, les principes auxquels fait appel le nouveau droit de l’eau, nous ont permis d’en finir avec les conflits transfrontaliers par application du principe de développement mutuel, alors que le droit positif moderne occidental en fut incapable.

C. La phase saharienne : au-delà de l’eau, le désenclavement
Chaque jour, une nouvelle ville surgissait là où des oasis s’étaient perdus dans les sables et les cailloux. En général, elles naissaient aux flancs des montagnes, plus accueillants, les plaines restant souvent des immensités désertiques. Le travail des géologues avançait à grand pas et leur connaissance intime des nappes souterraines leur permettait de prédire en quel endroit du désert allait surgir la prochaine ville. Ce qui était d’abord apparu comme une grande uniformité se révéla une multiplication d’opportunités, offrant à chaque fois une ressource particulière aux nouveaux talents attirés par cet eldorado.

Au-delà de la révolution bleue proprement dite, deux axes majeurs de transport routier et ferroviaire permirent de désenclaver le Sahara, le premier reliant le Maghreb algéro-tunisien au lac Tchad et à l’Afrique centrale ; le second, le Maghreb algéro-marocain au delta intérieur du Niger et à l’Afrique de l’ouest. Toute cette activité marqua la fin de l’exode démographique vers le nord et une partie de la jeune population du Maghreb quitta les bords surpeuplés de la Méditerranée pour ces lieux enfin accueillants.

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L’agriculture des oasis fut maîtrisée et l’on vit pousser sous les palmiers des champs de céréales et d’agrumes sur des étendues inimaginables. La rosée matinale apparut ici ou là. Des centaines de microclimats furent ainsi créés à partir de rien. Aujourd’hui, ce qui fut à l’époque un désert pour la végétation nourrit non seulement le Maghreb, mais aussi les lointains continents, rendant l’Afrique indispensable aux nations lointaines. Le bambou et d’autres herbes et algues modifiées remplacent le pétrole pour fabriquer des matières plastiques, et jour après jour, elles reconstituent les sols vivants. Les vents de sable se sont fait rares.

D. La phase continentale : de Gabès au lac Tchad
Le Sahara a été transformé par l’eau infiltrée arrivant du nord-est, de Gabès d’abord puis d’autres endroits algériens, marocains et mauritaniens. Les Libyens, qui à l’époque puisaient dans la réserve d’eau fossile au cœur de leur désert, décidèrent de renverser le cours de leur « grande rivière artificielle » pour faire fleurir le Sud ; au lieu de couler vers le désert, l’eau douce allait irriguer la côte. Depuis quelques années, la Libye s’est même engagée dans un autre grand projet : faire renaître le « deuxième Nil », un fleuve qui était à sec depuis des lustres et dont le tracé fut découvert en 2009 ; il coule désormais de nouveau sur son territoire. L’autre transformation radicale du désert fut le résultat de la belle coopération entre l’Egypte et le Soudan et d’autres pays plus au Sud ; ils s’accordent depuis une décennie et gèrent ensemble le grand fleuve du Nil.

Mais la jonction la plus fondamentale fut celle faite avec les efforts de revitalisation du lac Tchad , également entreprise au début du siècle. Situé au sud du désert, ce lac demeure le pilier d’un système d’aquifères qui s’étend sous le Tchad, au Tchad même, dans la moitié est du Niger, un tiers de la Centrafrique et un peu sous le Cameroun et le Nigeria.

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Carte des régions endoréiques ou l’écoulement des eaux vers la mer est inexistant ou faible.
Cet ensemble d’aquifères ne constitue qu’une seule entité du point de vue de l’eau : c’est un bassin endoréique, c’est-à-dire une zone continentale où toute goutte de pluie qui tombe ne retournera pas à l’océan mais restera piégée.

C’est en gagnant la bataille pour cette entité comme un tout qu’on a pu dominer le désert. Tout combat local s’adaptant à des circonstances sans avenir humain réel aurait été une illusion et un échec. Et comme nous l’avons dit plus haut, si nos pays vivent aujourd’hui en bon voisinage et relations de coopération, c’est parce que nous sommes engagés ensemble dans la révolution bleue.

Cette culture du bien commun, celle d’une communauté de destins, a pu renaître autour de l’eau, d’abord créée, puis partagée. Ce fut la fin de la petite débrouillardise et du chacun pour soi.

Si aujourd’hui, en 2050, l’homme devient capable de s’installer sur Mars, c’est notamment grâce à nos découvertes. Car, une fois la vie rendue aux sables du Sahara, la terraformation de Mars ne nous fait plus peur.
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très beau projet !
il faudra surtout le confier à des entreprises algériennes après formation du personnel !
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Tres beau projet que ce soit avec canal ou pompage d'eau!
Ca concernera surement la partie nord est du sahara algerien, qu'en est-t-il du nord ouest sous Oran et de la frontiere ouest avec le Maroc ou le sahara occidental, peut etre qu'il y aurait aussi moyen d'y faire passer de l'eau? poura t'on aussi creer des mers ailleurs dans le sahara algerien en pompant a partir de la cote algerienne en mediterannee?
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Tres beau projet que ce soit avec canal ou pompage d'eau!
Ca concernera surement la partie nord est du sahara algerien, qu'en est-t-il du nord ouest sous Oran et de la frontiere ouest avec le Maroc ou le sahara occidental, peut etre qu'il y aurait aussi moyen d'y faire passer de l'eau? poura t'on aussi creer des mers ailleurs dans le sahara algerien en pompant a partir de la cote algerienne en mediterannee?
Si Elon Musk veut terraformer Mars (Et on le prend très au sérieux), il est certainement possible de reverdir le Sahara, je crois savoir que la Mer morte est maintenue en vie par perfusion depuis la mer rouge je crois par pompage des eaux, la mer d'Aral aussi par un système de déviation des eaux, c'est fort faisable de reproduire les mêmes models........................:cheers:
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Les possobilites sont infinies quand on utilise son cerveau et que l'on a pas peur du travail, merci BidonVI!

- Les nuages sont bloquees par l'Atlas Telien, peut etre qu'il y aurait un moyen de faire en sorte que ces nuages puisse contourner ou passer au dessus des montagnes pour atteindre le desert

- un milliards de m3 d'eau est perdue chaque annee en retournant vers la mediterannee, il faut beaucoup plus de barrages au nord pour profiter de cette eau

- les montagnes algeriennent regorgent d'eau

- on peut recuperer de la vapeure d'eau meme dans le desert

- on ajoute en plus les idees de canaux et de canalisations
etc
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Les possobilites sont infinies quand on utilise son cerveau et que l'on a pas peur du travail, merci BidonVI!

- Les nuages sont bloquees par l'Atlas Telien, peut etre qu'il y aurait un moyen de faire en sorte que ces nuages puisse contourner ou passer au dessus des montagnes pour atteindre le desert

- un milliards de m3 d'eau est perdue chaque annee en retournant vers la mediterannee, il faut beaucoup plus de barrages au nord pour profiter de cette eau

- les montagnes algeriennent regorgent d'eau

- on peut recuperer de la vapeure d'eau meme dans le desert

- on ajoute en plus les idees de canaux et de canalisations
etc
On pourrait aussi faire comme a fait Kaddafi avec son projet de transfert des eaux des nappes Albienne, mais au lieu de les transférer vers le nord on pourrait les exploiter au sud avec des périmètres irriguée gigantesque, le tout avec le moyen d'énergie renouvelable,une partie des bénéfices de l'exploitation de ces eaux devrait alimenter un fond qui aura à charge la recherche de moyen financièrement et écologiquement viable pour prendre la relève quand ces réserves seront épuisées......................


L'agriculture saharienne devrait aussi bénéficier des avantages des droit à l'émission de carbone parce que elle contribue à réduire le taux dans atmosphère......
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Une piste.................

By:www.ft.com
New pipeline plan may help save the Dead Sea
The ‘Red-Dead’ project, run by Israel, Jordan and Palestine, aims to undo human damage
John Reed March 23, 2017

The Lido Hotel, on the northern shore of the Dead Sea, is one of the Holy Land’s more evocative recent ruins. The hotel was built when the British administered Palestine (1920-1948), and guests would drink sweet Arab coffee on the hotel’s terrace and gaze across the salty water which lapped at its steps.

But the Dead Sea no longer laps at the Lido’s steps: its water level has been dropping at a rate of one metre per year. Today the shore lies nearly half a kilometre away, across dry sand, and the Lido has been long abandoned to the elements and vandals. Graffiti is scrawled over a fresco showing what used to be the mighty Jordan river — the source of the Dead Sea — and its tributaries, including the Yarmouk, originating in Syria.

Israel, Jordan and the Palestinian Authority, which all share the Dead Sea’s shoreline, are now trying to halt the decline with the ambitious, long-discussed and controversial $1.1bn “Red-Dead” project: to divert water from the Red Sea, turn some of it into drinking water and pipe the rest north into the Dead Sea. The pipeline will start at Aqaba, the Jordanian port, where a desalination plant will be built. It will run through Jordan, generating hydroelectric power from its final stretch when it plunges several hundred metres below sea level into the Dead Sea, the world’s lowest land elevation.

Freshwater from Aqaba will be bought by Israel’s southern Arava region; Jordan will buy Israeli water from the Sea of Galilee; and the Palestinian Authority will buy water from an Israeli desalination plant as part of a water swap. (Pumping it north from Aqaba would be too expensive.)

According to environmentalists, about two-thirds of the drop in the Dead Sea’s water level is due to the companies and farms that divert water from the Jordan river in Israel, Jordan and Syria. The remaining 30-40 per cent is caused by the large mining companies in Israel and Jordan that steer its southern waters into evaporation ponds to make potash and bromine. The Dead Sea has lost more than a third of its surface over the past two decades.


“The demise of the Dead Sea is not caused by climate change,” says Gidon Bromberg, Israeli director of EcoPeace Middle East, a regional non-governmental group which also includes Jordanian and Palestinian environmentalists. He squarely blames the governments of Israel, Jordan and Syria.
Satellite image showing the shrinking of the Dead Sea between 1972 (left) and 2011 (right) © NASA

Large sinkholes have appeared along the Dead Sea’s shores, which officials and environmentalists link to the drop in water levels; in Ein Gedi, Israel, the highway that runs along the shore has been diverted to avoid them. On the Jordanian side, hotels have built staircases and elevators to convey tourists down to the receding shoreline.

“Jordan is very committed to the Red-Dead project, and we think it is a very important strategic project for us,” says a Jordanian official involved in the project, who asked not to be named. “It is to counter one of the biggest challenges that we are facing when it comes to water shortage.” Jordan has one of the world’s worst water problems, ranking 173rd in terms of renewable internal freshwater per capita, according to the World Bank, only slightly better than Israel.

Compounding its desert climate and meagre natural endowments of water, primarily from aquifers, Jordan’s water purification and delivery infrastructure has had inadequate investment by the government, which faces multiple and competing demands from a swelling population.

Sinkholes have appeared along the Dead Sea’s shores, linked to the drop in water levels

In November 2016 Jordan announced that five global consortiums had pre-qualified for a first-phase tender in the first quarter of 2017. Construction is due to begin in 2018, officials say, and the project will be in commission by 2021.

Plans to pump water into the Dead Sea have been discussed for more than a century, but always delayed due to cost concerns, geopolitical ructions or worries about the environment. Planners’ priorities have shifted as they pondered what they wanted from a desert waterway — power, water, neighbourly relations, leaving a mark on the landscape or, more recently, simply arresting the alarming drop in the Dead Sea’s level.

In the 19th century, British engineers and early Zionists mooted the idea of a Mediterranean-Dead Sea canal (nicknamed “Med-Dead”), generating hydroelectric power in the water’s final plunge from 200m above sea level to 430m below it at the Dead Sea. Discussion of the project revived in Israel after the 1973 global oil shock, but it was deemed unviable.

A Red Sea-Dead Sea canal, debated for decades after Israel’s founding in 1948, gained currency after the Israelis signed a peace agreement with Jordan in 1994. It was formally pursued from 2002 by Israeli, Jordanian and Palestinian officials, with plans to produce 800m cubic metres of drinking water per year and release more than 1bn cubic meters of brine into the Dead Sea. It was abandoned for cost and environmental reasons. In Washington in 2013, the three governments signed a memorandum of understanding on the more modest current plan, the Red Sea-Dead Sea Water Conveyance Project.

Israeli, Jordanian and US officials have championed the project as a vehicle for economic co-operation in a region where, despite the 1994 peace treaty, widespread animosity toward Israel exists. (An agreement by Jordan to buy $10bn of Israeli natural gas over 15 years has generated street and parliamentary protests.)

1bn cubic meters

How much brine the Red-Dead project could release into the Dead Sea


While the desalination and water purification and transfer portion of the scheme will be a “Build-Operate-Transfer” project designed to finance itself, the conveyance system piping water north to the Dead Sea will not pay its way. Israel and Jordan are looking for $400m in grants and loans on favourable terms to underwrite the project, and say they are making progress.

An Israeli official says that the US, EU, Japan and Italy have pledged money towards the project, and further commitments will firm up as donors finalise their due diligence. “I am sure there will be more pledging,” says Oded Fixler, deputy director-general at the Israel Water Authority.

Environmentalists have warned that the project will replenish only a fraction of the water the Dead Sea is losing every year, so levels will continue dropping. They also say that because the Red Sea and Dead Sea have different chemical compositions, there is a risk that the water in the latter could turn from its trademark blue to a milky white. This would in turn endanger tourism, they say. “We are calling on our governments and the international community to at least study alternatives of how to dispose of the brine, and not assume dumping it in the Dead Sea is the only option,” says Mr Bromberg.

The most effective way of diminishing the Dead Sea’s shrinkage, he says, would be to sharply reduce the diversion of water from the Jordan river and to give the mining companies greater incentives to invest in less water-intensive technology.

Jordanian and Israeli officials insist that the environmental concerns are being taken seriously, including in a study by the European Investment Bank now under way. They say the project will be closely monitored, especially when the discharge begins replenishing the Dead Sea’s water levels. When and if this happens, Israelis, Palestinians and Jordanians will welcome the revival of their natural wonder, even if it comes too late for the Lido hotel.
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Ce projet de mer intérieur était promu dans les années 1990 par l'homme politique Rabah Bencherif qu était candidat aux présidentielles.
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Au XIXe siècle, il y eut un projet de création d’une mer dans le désert du Sahara

À l’époque de l’empire colonial français, un gigantesque projet d’aménagement visait à créer une mer intérieure au Sahara, un projet finalement abandonné. Imaginez une mer aussi grande que 17 fois le lac Léman dans le désert du Sahara !

Ce projet de Mer Intérieure Saharienne était prévu au Maghreb à partir du milieu du XIXe siècle (1873-1884). Il s’inscrivait dans une décennie de gros œuvre, chronologiquement entre deux énormes projets qui ont pour leur part vu le jour : le canal de Suez (ouverture en 1869) et le canal de Panama (début des travaux en 1881). La Mer Intérieure Saharienne fut donc le seul de ces trois projets à n’avoir pas abouti.

Ce colossal projet est l’œuvre de François Élie Roudaire, commandant d’état-major de l’armée française et topographe de l’école de St-Cyr. Le projet de mer intérieure recevra également le soutien inconditionnel et perpétuel de Ferdinand de Lesseps, diplomate et entrepreneur français (créateur du Canal de Suez) qui pèsera fortement dans le débat conduisant à son abandon.

La Mer Intérieure Saharienne aurait dû se localiser précisément à cheval sur l’Algérie et la Tunisie, au pied du massif de l’Aurès (prolongement de l’Atlas), couvrant une partie semi-aride du désert du Sahara, au nord. Ici se trouve un chapelet de chotts en partant du golfe de Gabès.

Il s’agissait de relier une grande partie de ces chotts par le biais de puits artésiens, ainsi que d’un canal de 24 km de long, permettant un apport d’eau venant de la Mer Méditerranée. La surface de la Mer Saharienne aurait été, dans le cas de sa mise en place, égale à dix-sept fois celle du lac Léman. D’une profondeur moyenne de 25 m, les dimensions retenues par Roudaire pour cette mer étaient de 320km de long sur environ 50 à 60km de large.

Le but de la Mer Intérieure était d’impulser un développement régional ayant pour fer de lance une mise en culture des terres aux abords de ladite mer. Pour ce faire, Roudaire comptait sur une modification du climat, plus précisément sur un changement climatique provoqué, transformant les dynamiques physiques de la région et changeant la nature des sols.

« Nous allons ouvrir là des débouchés à l’Europe, apporter la civilisation dans les parages, donner du travail aux indigènes, concilier tous les intérêts et faire le bonheur de tous » déclarait François Roudaire, persuadé de la faisabilité de son projet et de la véracité de l’hypothèse antique stipulant qu’une mer était présente au Sahara pendant l’Antiquité.

Cette citation montre une volonté de sa part de répondre à des problématiques d’ordre social, mais également géopolitiques (géostratégie) qui se sont posées dans cette région de l’empire colonial français, par exemple la contenance des rebelles tunisiens à l’est. Il s’agissait d’une région à assainir, à dynamiser, à mieux définir et contrôler.

Le projet de Mer Intérieure Saharienne a donc fait l’objet d’un long débat ayant conduit à son abandon, pour des raisons financières principalement (mais aussi techniques). Il s’agissait d’un véritable défi ayant mis en opposition Roudaire et De Lesseps face à l’Académie des Sciences et la Société de Géographie, entre autres.

Sources :

Autopsie d’une utopie environnementale, Olivier Soubeyran, Ahmed Bencheikh, Peuples Méditerranéens n° 62-63, janvier-juin 1993, pp. 183-208.

Appel d’imaginaire : La mer intérieure africaine 1869 – 1887, publié en février 2004, Blog de Jean-Louis Marçot, consultation en novembre 2015.

Le percement de l’isthme de Gabès, Georges Lavigne, paru dans La Revue moderne en 1869.

http://sciencepost.fr/2016/01/au-xi...e-creation-dune-mer-dans-le-desert-du-sahara/
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En tout cas , ça fait jolie comme image satellite .

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sur Wikipedia, concernant chott el jerid, tunisie.

Le chott el-Jérid est situé dans un creux synclinal, à la limite entre les chaînons montagneux tunisiens et la plateforme saharienne. Son altitude actuelle est de 15 à 20 mètres au-dessus du niveau de la mer.
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j'ai pensé une fois a un prjet similaire d'une taille moin importante alors plus realisable, c'est cote d'oran creuser un canal de la mer(voir deux pour circulation optimale) vers sabkha beucoups de coups avec une pierre, oran deviendera le jeneve d'afrique , y' il un genie ici pour adobter mon idée? :)
j'ai pensé une fois a un prjet similaire d'une taille moin importante alors plus realisable, c'est cote d'oran creuser un canal de la mer(voir deux pour circulation optimale) vers sabkha beucoups de coups avec une pierre, oran deviendera le jeneve d'afrique , y' il un genie ici pour adobter mon idée? :)
C'est pas faisable pour la sebkha d'Oran avec un canal car elle est a plus de 80 m au dessus du niveau de mer .
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Il ne reste plus qu'a evaluer combien ca couterait et combien de temps ca necessiterait
Vu que ca sera surtout benefique pour l'Algerie, l'Algerie paiera surement la part la plus importante, bien que ca sera aussi tres benefique pour la tunisie d'avoir cette riviere interieure
on pourrait demander une aide financiere de l'ONU car sa concerne la lutte contre la desertification
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