Rocade méditerranéenne: Le tronçon Ajdir-El Jebha opérationnel fin août
· La partie d’El Jebha-Tétouan sera livrée en 2011
· Un investissement de 5,7 milliards de DH
· La rocade devra donner une forte impulsion aux projets touristiques de la région
LES entreprises du BTP mettent les bouchées doubles sur la rocade méditerranéenne. Les premiers dead-lines sont imminents. Le tronçon Ajdir-El Jebha, qui a nécessité une enveloppe de 1,7 milliard de DH, sera ouvert à la circulation fin août. C’est du moins ce qu’affirme Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et du Transport: «L’état d’avancement des travaux est satisfaisant. Normalement, la route sera mise en service avant la fin de l’été».
Lancé en juin 2004, ce chantier devrait être livré début 2009. Cependant, plusieurs incidents ont ralenti la cadence des travaux. A la tête des contraintes, figure la résiliation des contrats des sociétés portugaise et italienne, adjudicataires initialement du marché, «pour non-respect des cahiers des charges». Il a donc fallu attendre la reprise du marché par un groupement de 5 sociétés (Route du Maroc, Hajji, Houar, Seprob et l’égyptien Arabe Contractors) pour remettre le chantier dans les rails.
Financé grâce à un don de l’Union européenne à hauteur de 75% dans le cadre du programme Meda, ce projet bénéficiera à une population de 80.000 habitants de 8 communes rurales.
D’une longueur de 103 km, les travaux de cette section portent sur la réalisation d’une nouvelle route entre El Jebha et Beni Boufrah. Le calibrage de la chaussée des routes régionales (RR) 414 et 610 et la route nationale numéro 2 sera également renforcé.
Le tronçon comprend la section El Jebha-Beni Boufrah réalisée sur une longueur de 59 km et celle de Béni Boufrah-Ajdir sur 44 km.
Par ailleurs, le dernier tronçon de la rocade, reliant El Jebha à Tétouan vient d’être lancé il y a quelques jours. D’une longueur de 120 km, les travaux de cette section concernent l’amélioration des caractéristiques de la route existante en adoptant un nouveau tracé dans certains tronçons.
D’un coût global de 2,3 milliards de DH assuré, sous forme de prêt, par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et le ministère de l’Equipement et des Transports, cette route sera réalisée en deux tranches: El Jebha-Oued Laou (74 km) et Oued Laou-Tétouan (46 km).
A terme, la première tranche permettra de réduire de 1h30 la durée du trajet entre Tétouan et Al Hoceïma (soit de 5 heures actuellement à 3h30).
Elle constitue le maillon le plus dur et le plus coûteux de toute la rocade car elle se développe dans un site montagneux et très accidenté. Cette tranche emprunte un terrain plat au départ de Tétouan pour aborder très rapidement les reliefs montagneux. Par endroits, elle traverse des zones instables caractérisées par des glissements de talus, sapements de la plate-forme par la mer et éboulements. La route sera mise en service en 2011, selon les sociétés en charge du chantier (Broussa et Sintram).
A noter que jusque-là, un linéaire de 287 km d’un total de 510 km de la rocade méditerranéenne a été achevé.
La taille du projet et sa complexité ont nécessité plusieurs études faisant appel à des intervenants multidisciplinaires. Elles ont porté sur la totalité de la rocade, notamment la définition des travaux d’aménagement à réaliser sur les sections existantes et sur l’exécution des tronçons à construire. Le coût de ces études, commanditées par quatre groupements de bureaux d’études, s’élève à 32 millions de DH, assurés par le gouvernement espagnol.
Longeant la Méditerranée de Tanger à Saïdia, la rocade constitue un axe structurant à fort impact sur le développement économique et social du Nord. Elle relie les villes de Tanger et Saïdia en réduisant le temps de trajet de 11 à 7 heures. De même, elle va améliorer sensiblement la sécurité des usagers de la route. Cette dernière connaît pour la période estivale une affluence importante des Marocains résidant à l’étranger. Ainsi, le trafic pour la seule route El Jebha-Ajdir peut atteindre 12.000 à 13.000 véhicules/jour.
Avec un montant global d’investissement de l’ordre de 5,7 milliards de DH, la rocade traverse les provinces de Tanger, Tétouan, Chefchaouen, Al Hoceïma, Nador et Berkane. Elle desservira plus de 200 km de plages. Elle est conçue pour une largeur de 7m de chaussée avec une troisième voie en rampe pour les poids lourds.
La rocade devrait permettre à terme le désenclavement de tout le littoral rifain ainsi que sa réactivation économique. Une impulsion sera également donnée aux projets touristiques de la région, notamment celui de la station balnéaire de Saïdia et Kalâa Iris. Elle contribuera aussi à améliorer le rendement des ports sur la Méditerranée (ports de pêche et de plaisance).
Avec cette réalisation, ce sont 110 km de côtes et de nombreux sites qui vont devenir accessibles aux visiteurs. La rocade aura également pour effet positif de contribuer à un équilibrage de l’aménagement du territoire dans le Nord et encourager l’émergence de petits centres urbains.
Tarik HARI